Depuis 2009 et un "Arc Of Dawn" mitigé, l'avenir de Dare ne semblait pas très réjouissant. Malgré ses qualités, cet opus laissait entrevoir une baisse d'inspiration que "Calm Before The Storm 2" semblait vouloir confirmer. Sorti en 2012, et se contentant d'une relecture de l'album sorti initialement en 1998, ce dernier venait renforcer des craintes que l'investissement de Darren Wharton dans la reformation de Thin Lizzy rendait prégnantes. Cependant, son refus de participer au projet Black Star Riders qui suivit ranima l'espoir que l'arrivée d'un nouvel album, marqué par le retour du guitariste prodigue Vinnie Burns, vient confirmer, déclenchant curiosité et enthousiasme au sein des amateurs du désormais légendaire combo britannique.
Car si l'ensemble est produit et composé par Darren Wharton, il faut bien reconnaître que la présence du six-cordiste originel marque une renaissance inespérée. Ses interventions sont toujours aussi lumineuses et renvoient directement au monumental premier opus du groupe ("Out Of The Silence" – 1988). Le mariage de l'émotion et du dynamisme, le refrain accrocheur et la montée en puissance maîtrisée de 'Home' nous propulsent 28 ans en arrière, même si la production se fait plus intimiste. Le mariage de la voix chaude de Wharton et des émotions dont nous inonde Burns n'a pas son pareil pour transporter l'auditeur à des altitudes lui permettant de survoler des paysages typiques des îles britanniques. Et en dehors d'un 'Days Of Summer' tournant rapidement en rond, l'ensemble des titres se maintient sur les sommets offerts dès le premier morceau.
Loin d'un clone de son premier album, Dare nous offre une œuvre mature et équilibrée, conservant en son sein les éléments celtiques intégrés depuis "Calm Before The Storm". Le dosage est varié selon les titres, certains se voyant renforcés d'instruments traditionnels et de chœurs masculins et fédérateurs ('On My Own', 'Until'). D'autres traduisent ces émotions fortes et cette mélancolie typique au travers de mélodies caractéristiques ('Strenght') ou de refrains envoûtants ('I'll Hear You Pray', 'Everytime We Say Goodbye' ou 'All Our Brass Was Gold'). Les variations d'ambiances sont apportées par des tempi qui n'hésitent pas à se faire dynamiques et accrocheurs ('You Carried Me', 'Like The First Time'), tout en utilisant régulièrement la technique de la montée en puissance contrôlée.
C'est donc un véritable retour en grâce que représente cet opus à la fois inspiré, varié et authentique. Probablement stimulé par le retour de son compère guitariste, Darren Wharton réussit à retrouver l'identité qui avait fait le succès du groupe à ses débuts, sans oublier les éléments intégrés depuis. Cet équilibre entre mélancolie, enthousiasme et puissance émotionnelle, porté par une interprétation inspirée, replace Dare sur le devant de la scène AOR qu'il n'aurait jamais dû quitter. Quelle joie de retrouver au sommet de sa forme un groupe à l'identité si affirmée !