Les Allemands de Running Wild sortent encore un album ? Mais je croyais qu'ils avaient splitté ! Et bien il faut croire que non, d'autant plus que leur rythme de production n'a jamais été aussi prolixe. Si l'on ajoute le Giant X de 2013, c'est pas moins de 5 albums que Kasparek et sa bande ont sortis depuis 2011. Ce "Rapid Foray" nous réconciliera-t-il avec le dinosaure allemand ?
Le hard rock vintage du duo Jordan-Kasparek s'appuie sur des riffs simple et (pas toujours) efficaces, une voix aiguë typée années 80 à la Biff Biford (Saxon), et les derniers essais du groupe n'avaient pas été concluants. Malheureusement les mêmes défauts récurrents se retrouvent sur ce nouvel opus. Les riffs sont simplistes et répétés à l'envi et parfois jusqu'à l'ennui ('Black Skies, Red Flag', Warmongers'). Quant à la batterie, elle est d'une platitude désarmante et Liebetruth, malgré son surnom pompeux ("Metalmachine"), ne fait pas mieux qu'une programmation électronique bien maîtrisée. Seul Peter Jordan tire son épingle du jeu avec quelques envolées de six cordes intéressantes, particulièrement sur le closer 'Last Of The Mohicans', titre épique de plus de 11 minutes dont au moins cinq tout à fait dispensables.
Mais c'est surtout du côté de l'inspiration dans la composition et l'écriture que le bât blesse. Si de nombreuses bonnes idées semblent apparaître sur de nombreux titres, elles ne sont jamais abouties et souvent gâchées par un manque de continuité ou de développement ('Rapid Foray', 'Blood Moon Rising'). La façon de chanter datée sonne creux également et les mélodies ne sont pas travaillées si bien qu'aucune n'est vraiment accrocheuse, certaines en deviennent même un peu pompeuses ('Black Bart', 'Into The West') et l'aspect hymnique recherché tombe à plat.
Tout n'est pas à jeter sur ce "Rapid Foray", comme 'Stick To Your Guns' ou 'Hellestrified', des titres de bonne facture qui fonctionnent bien avec un couple riff/mélodie efficace. De même l'instrumental 'The Depth Of The Sea - Nautilus', bien que mal servi par une production en-dessous de la moyenne, conserve une dynamique intéressante et des développements originaux avec une construction travaillée et un solo virevoltant fort agréable. Quelques autres solos intéressants peinent à relever le niveau de titres bien trop moyens pour mériter un intérêt supérieur au reste de l'album. Enfin, le single annoncé 'By the Blood In Your Heart' ne brille guère que par son final aux chœurs à l'irlandaise.
Une fois encore Kasparek nous gratifie d'un album approximatif dans tous les domaines, riffs, mélodies, solos, chant, pour un résultat à l'encéphalogramme linéaire. Running Wild a déjà atteint l'album de trop en 2013 avec "Shadowmaker" et le sursaut de "Resilient" n'a pas été confirmé. "Rapid Foray" ne devrait trouver son public que chez les die-hard fans du groupe ou chez les aficionados de hard rock 80' en manque de sortie à se mettre sous la dent. Mais l'album supportera mal plusieurs écoutes et l'achat du disque n'aura d'intérêt que pour le packaging réussi, surtout dans ses versions vinyles.