On comprend aisément pour quelles raisons le défunt Lemmy a signé en 2015 Barb Wire Dolls sur son label Motörhead Records. Un rock énergique juste assez crasseux pour paraître méchant, une chanteuse aux faux airs de Blondie, un certain mauvais goût affiché et une première galette, "Slit", vidangée trois ans auparavant, succès surprise et immédiat, ont suffit à le convaincre de les abriter dans le creux de ses aisselles velues.
L'homme n'est plus là mais on peut penser qu'il aurait apprécié ce "Desperate", pourtant inégal, que les Grecs ont enfin trouver le temps de mettre en boîte après n'avoir cessé de tourner, sur le sol US notamment, ce qui explique peut-être pourquoi le groupe sonne finalement plus américain qu'européen, biberonné aux seins de la scène garage et grunge des années 90.
Brochette de dix chansons, ce deuxième opus file très vite, trop vite même, crachant sans jamais débander sa sève rock'n'roll. Seul le plus lent 'Surreal' voit le quintet serrer un peu le frein à main, ce qui lui réussit plutôt bien et devrait lui donner les idées pour la suite. De fait, Barb Wire Dolls serait inspiré d'explorer davantage cette voie plus posée qui lui permet de briser l'inévitable linéarité d'une partition dont la variété et les nuances ne sont pas les principales qualités. Du coup, il ne peut pas toujours éviter une certaine uniformité dans ses mélodies et ses attaques.
Mais l'amateur de riffs gros comme des jambons trouvera dans cette rondelle qui sent sous les bras l'idéale bande-son d'une virée en bagnole à travers des routes désertiques. "Desperate" en a suffisamment dans la culotte pour emballer, grâce à des missiles de l'acabit de 'Drown', 'Blind To Your Misery', 'Darby Crash', 'Heart Attack', sans oublier le titre éponyme, armes de séduction massive qui doivent beaucoup de leur charme survitaminé à la tigresse Isis Queen laquelle, frontwoman dont la voix se suce comme une bouteille de bière, porte franchement le groupe sur ses frêles épaules.
Sans elle, et nonobstant l'énergie déployée par ses comparses, entre la rythmique martelée par une paire de femelles et les guitares qui envoient la purée, il est peu probable que Barb Wire Dolls bénéficierait de la même exposition, et sa musique de la même la force communicative.
Certes efficace et taillé pour la scène mais trop ronronnant sur sa durée pourtant peu élevée, on peut se demander ce qu'il restera de cet album dans quelques années. Les Grecs y dévoilent (déjà) leurs limites sans toutefois entamer leur capital sympathie mais pour combien de temps encore ?