Voron est déjà bien connu des services musicaux de Music Waves car nous avions chroniqué avec une certaine effusion son premier album "Propaganda", agréablement surpris en ces temps-là par la qualité de l'œuvre, la précision du jeu et la netteté du propos musical. Son maître d’œuvre, que vous connaissez peut-être si vous aimez l'univers de la guitare, revient avec une incartade instrumentale nommée "Instrumentals I". Derrière la personnalité mystérieuse et énigmatique du bonhomme se fait sentir un amour immodéré pour la musique, un goût prononcé pour la technique et la rigueur du style, mais aussi pour tous les formes, styles et vibrations qui peuvent sortir de cette poignée de cordes en fer...
Au sein de cette déferlante instrumentale se devinent des compositions multiples, vibrants arcs-en-ciel de variations autour de l'instrument, qui balayent l'ensemble du spectre metallique : du heavy le plus classique, du metal acoustique raffiné, des passages industriels cybernétiques, ou encore des passages de progressif et techniques pur jus.... il y en a ainsi pour tous les goûts, de la variété en veux-tu en voilà, même si tout est lié par le style inimitable du monsieur, aussi bien dans les thèmes que dans les sons, ou dans le jeu chirurgical.
Le coup de semonce est donné dès la première piste, car après une introduction habitée de rêves sucrés déboule une rythmique rouleau-compresseur alors qu'une mélodie étrange nous guide vers un solo technique virevoltant bourré de sweeping et autres éléments constitutifs du shred. Mais Voron ne se contente pas d'un étalage stérile de technique puisque ces démonstrations sont un moyen pour présenter les diverses facettes de la six cordes, voire de la sept cordes ou plus.
Par ailleurs, le monsieur n'oublie jamais l’émotion, puisque dès la seconde étape ('Universal Mind'), on trouve ces phrases chantantes au milieu desquelles se glissent des riffs aux intonations presque funky. Le metal de ce Slave est ainsi mâtiné de multiples influences colorées, ponctué de glaces synthétiques, de sonorités désincarnées ou de rythmes cycliques robotiques. 'Ironball' plonge donc à pieds joints dans un metal industriel, où au milieu de riffs lourds surnagent des arpèges aériens dépouillés et émouvants. Qui plus est, même si on reconnaît l'homme habile pour manier les cordes, il privilégie avant tout la mélodie, comme sur 'Invictus' ou 'Time is Over', propres à nous coller un petit frisson de plaisir sensuel.
Voron signe un album instrumental intéressant, surtout si on sait combien l'exercice de l'expression guitare-héroïco-solitaire-shred est difficile, voire casse-gueule... Certes, la musique est influencée par les maîtres du genre, mais bien que gorgée de technique, elle est loin d'un Rusty Cooley pour lequel la technique est la forme d'expression principale. Dès lors, au sein de ces circonvolutions sonores, l'homme propose une musique aux métriques variables certes, aux changements fréquents, à la rigueur monastique, mais à l'orientation mélodique constante, d'où se dégage une vraie tendresse, un vrai romantisme slave.