Infinie
tristesse et sombre mélancolie, tels pourraient être les
qualificatifs associés à la musique de Insomnia
Asylum.
En effet, ce one-man band se veut une entreprise personnelle et sensible au-delà de la musique qui transpire d'émotions
variées. Née en 2008, elle propose une musique sombre sans être
lugubre, caverneuse sans être étouffante, mélancolique sans être
déprimante et triste à se pendre. Le musicien expose une
sensibilité dénuée de tout artifice dans laquelle s'épanouit
une multitude d'influences identifiables : on trouve par ici quelques
réminiscences
de Pink
Floyd,
des pointes de Paradise
Lost,
ou encore des notes mécaniques inspirées de Radiohead.
La
musique de "Alprazoland" est ainsi relativement simple et
très influencée par le Anathema
de
"Alternative 4", de "Eternity", donc gorgée de
guitares parfois épaisses, parfois saupoudrée de crachats vocaux,
mais surtout magnifiée par quelques guitares lumineuses que ne
saurait renier David
Gilmour.
Dans cette mélasse épaisse, on ne saurait oublier les interventions
de musiciens additionnels, et notamment ce joli petit brin de voix
féminine qui apporte une note douce, une grande tendresse, une
pincée de sensualité. Les autres instruments ne sont pas en reste,
notamment les claviers dont les nappes vaporeuses habillent la
galette d'atours prestigieux.
Onze
chansons, comme onze poignées de main avec la faucheuse, comme
autant d'étapes de l'âme désincarnée, qui conduisent à la
résilience et l'acceptation. Les compositions sont une sorte
d'exutoire fait de caresses sensuelles de guitare acoustique
('Standard Person' ou 'Insomnia'), de voix éthérées qui piochent
chez Riverside
('Insomnia'),
de guitares épaisses comme le mazout ('The Clown's Funeral').
Toutefois au milieu de la colère brute des six-cordes tranchantes naissent des pauses acoustiques sur lesquelles la tension se relâche, de même qu'au milieu de passages acoustiques éthérés est insérée
une césure aux riffs lourds comme le plomb. Le chanteur sait aussi
jouer des contrastes vocaux, entre paroles susurrées inspirant la tendresse et cris inhumains stridents dignes du metalcore.
"Alprazoland"
est un bon album varié, qui mélange phrasés doom, rythmes
metal, passages psychédéliques et grosses guitares glauques. A l'instar de Ayreon,
Insomnia Asylum propose
une relecture de trente années de musique métallique, et même si
les compositions souffrent d'une certaine jeunesse (on souhaiterait une expression plus personnelle), elles sont
pleines de fougue, de majesté grandiloquente et portées par de
belles mélodies sombres, reflets du potentiel du groupe. Une rondelle plurielle qui plaira donc à
la majorité métallique silencieuse et un
groupe à découvrir, dont l'écoute se conjuguera paisiblement avec
le bruit des vagues, le sable fin et le soleil de cet été naissant.