Bien qu'il n'ait pas été épargné par les critiques, "Black Dog Barking" (2013) a continué à marquer la progression de la reconnaissance d'Airbourne, que ce soit en chiffres de ventes ou en demandes de concerts. Il faut dire que le quatuor australien n'a jamais été du genre à s'économiser sur scène et que ses prestations ont fait sa réputation. Sous le signe du premier changement de label du groupe qui quitte Roadrunner pour Spinefarm, "Breakin' Outta Hell" débarque dans les bacs en cette fin d'année, et avec lui la sempiternelle ronde des débats entre pro- et anti- avec une liste d'arguments ne variant pas beaucoup depuis les débuts du groupe.
Car ne comptez pas sur les frères O'Keeffe et leurs camarades pour tenir compte des critiques qui leur sont et seront adressées. Ils s'en tamponnent royalement et préfèrent continuer leur bonhomme de chemin sans se prendre la tête, fidèles à une rock'n'roll way of life telle qu'elle est pratiquée sur leur île-continent. Alors balayons tout de suite d'un revers de la main tous les commentaires à venir car, oui, le style d'Airbourne ne se renouvelle pas des masses, et oui, l'ombre d'AC/DC est prégnante sur la quasi-totalité de leurs compositions. Si vous espériez des titres se développant sur plus de 10 minutes, des interventions de flûte traversière, d'accordéon ou de célesta, vous serez à nouveau déçus. Pas de chant lyrique, de breaks atmosphériques, de chœurs grégoriens ou de ballades doucereuses à l'horizon non plus.
Airbourne nous sert un nouvel opus qui sent les dessous de bras et la bière. Le titre éponyme donne le ton d'entrée pour environ 40 minutes de pieds qui tapent et de vertèbres cervicales martyrisées. En dehors du méchant et heavy 'Rivalry' et des rapides 'Thin The Blood' et 'When I Drink I Go Crazy' qui s'éloignent légèrement des influences du gang des frères Young, le reste fait dans du classique pour le genre. Joel enchaîne les soli incendiaires et les hurlements, même si il est à noter que son chant est désormais plus varié qu'à ses débuts. La section rythmique assure sans en faire des tonnes, au point que l'on se demande si Phil Rudd n'a pas fait une pige sur 'Down On You'. Et puis il y a ces hymnes à hurler en live, comme 'It's Never Too Loud For Me', 'I'm Going To Hell For This' ou 'It's All For Rock'n'Roll'. Bref, pas beaucoup d'originalité, mais une énergie et une efficacité jamais prises en défaut.
Une fois encore, les amateurs vont se régaler et mettre leurs différentes articulations au supplice, alors que d'autres vont hurler au manque de créativité des Australiens. A l'heure où les membres d'AC/DC sont fauchés un par un par des problèmes de santé ou de justice, Airbourne s'affirme comme le leader de la relève d'un hard-rock qui n'est pas là pour se palucher devant des plans de guitare intellectualisés ou des structures de compositions alambiquées. La bande des frères O'Keeffe est là pour transmettre une énergie intègre et pas moralisatrice pour un sou. C'est tout ce qu'on lui demande, et peu sont capables de le faire aussi bien.