En dépit d'une trajectoire entamée il y a trente-six ans, toutefois interrompue par deux courtes mises en sommeil, entre 1994 et 1998, puis entre 2009 et 2012, route accidentée que jonchent désormais onze albums, Metal Church figure parmi les éternels Poulidor du heavy metal américain. Ses débuts promettaient davantage que cette carrière de série B inégale et néanmoins attachante.
Les premiers pas du dinosaure, fondé en 1980 par le guitariste Kurdt Vanderhoof, restent indissociables de l'émergence de la scène thrash de la Bay Area dont il est un des pionniers. Rappelons à ce titre que Lars Ulrich a même tenu les baguettes au sein du groupe durant l'année 1981, pendant une très courte période, sans pour autant en avoir été un membre officiel. Le batteur de Metallica s'en souviendra dans tous les cas puisque c'est grâce à lui et à son comparse James Hetfield que le galop d'essai éponyme de Metal Church, qui les a fortement impressionnés, devra d'être très vite réédité par Elektra, à peine un an après avoir été publié via le modeste Ground Zero Records.
Hommes de goût, gageons que les deux frères d'armes ne se sont pas trompés tant ce premier album conserve encore aujourd'hui toute sa force. Véritable coup de maître, l'opus doit son succès à plusieurs ingrédients.
Pour sa monstrueuse pochette où une guitare Gibson en forme de crucifix sort des entrailles de l'enfer.
Pour le chant haut perché du défunt David Wayne, sorte de croisement entre Rob Halford et Bobby "Blitz" Ellsworth (Overkill).
Pour le jeu féroce des deux six-cordistes qui trouvent, entre autres, dans le furieux instrumental 'Mercyless Onslaught', monument speed-metal, l'écrin redoutable de leur puissance de feu.
Pour ses ambiances sombres et épiques qui ne sont pas sans évoquer Manilla Road, en (beaucoup) plus rapide cependant, parenté qu'illustre la grandiose power-ballad 'Gods Of Wrath'.
Pour la fameuse reprise du 'Highway Star' de Deep Purple qui ferme la marche dans une version pour le moins personnelle et survitaminée mais ô combien fracassante dont on dit même que Blackmore en a apprécié le résultat, c'est dire !
Pour les compos enfin qui toutes font mouche, propulsées par l'organe criard du chanteur, de 'Beyond The Black', amorce ultra heavy aux premières mesures inquiétantes, à 'Hitman' aux relents NWOBHM et bénéficiant comme tout le reste d'une rythmique du feu de dieu, en passant par 'Battalions' où la paire Vanderhoof / Wells s'en donne à cœur joie tandis que Wayne pousse sa voix comme jamais.
Il serait criminel de faire l'impasse enfin sur l'éponyme 'Metal Church', titre pesant aux lignes implacables, capable de renvoyer dans les bacs à sable de la maternelle tous les apprentis thrashers avec ses griffes acérées. Frissons garantis, même trente ans après, pour ce qui s'impose comme l'Everest de cet album.
Les Américains ne feront jamais mieux que cet opus devenu un classique.