Peu après le départ du chanteur originel de Blackmore, le groupe s'était lancé dans le projet d'une compilation concept et cherchait donc un nouveau vocaliste, capable de reprendre un chant clair mélodique et saturé. Notre ami K'noup, les pieds pris dans l'immobilisme de Viza, avait décidé de continuer à s'exprimer et de se jeter dans les bras tendus du groupe pour soulager sa boulimie musicale et libérer une énergie créatrice qui ne l'avait jamais lâchée. C'est alors que courant de cette année 2016, plusieurs titres émergent de cette rencontre, postés çà et là sur internet et recueillant de très bons retours du public : 'Tsunami', '72'... au final un titre par mois, formant ce qui allait devenir le prochain EP du groupe, mais qui sous l'effet d'une inspiration constante et d'une entente au sein du groupe, forment un véritable album : "Neo".
Illustrant à la fois un renouveau - nouvelle direction artistique qui rappelle les débuts du chanteur avec Neurobox, une nouvelle source d'inspiration et de nouvelles choses à dire sur la société dans laquelle nous vivons, l'artwork ne laisse pas la place à l'interprétation avec ce fœtus synthétique. Sans surprise, c'est ‘Tsunami’ qui inaugure l'album, laissant entrevoir à travers ce seul titre toute l'étendue des capacités vocales de K'noup qui, empreint de cette identité très forte, est reconnaissable parmi des milliers. Alors que les derniers albums de Viza semblaient lui avoir donné envie de pousser la voix vers un rauque de tête particulier, on retrouve facilement sa signature vocale qui n'hésite plus à s'accompagner de riffs cinglants. Si l'aspect plus agressif est parfaitement assumé, il n'en demeure pas moins que le spectre vocal de K'noup conserve son autre extrémité, plus mélodique, où son timbre et vibrato sont toujours aussi efficaces et collent plutôt bien avec le son du groupe.
Musicalement, les compositions sont bien ficelées et proposent une certaine fraîcheur. Au carrefour d'un mélange d'un nu metal avec un thrash moderne, les riffs de Shaunt Sulahian et Vahan Aslanyan se complètent parfaitement et sont redoutablement acérés. Particulièrement accrocheur, chaque riff a la capacité de s'ancrer en tête dès la première écoute ; prenant parfois des allures maléfiques avec des vibratos menaçants, ils savent également se faire mélodiques, presque symphoniques lorsqu’ils sont magnifiés par les quelques samples d’instruments à cordes. Les saturations épurées permettent de distinguer chaque note et nuance et de servir la mélodie et le groove à l'image d'un 'Roses Are Dead' très bien orchestré. Le côté rythmique n'est pas en reste avec un Vinny Mezian très juste et particulièrement carré. Sans en faire trop, il réussit à apporter beaucoup de légèreté aux riffs lourds et imposants en disséminant çà et là des roulements de double grosse caisse et accompagnant toujours la guitare rythmique, presque chirurgicale.
Les influences sont multiples et donnent finalement une identité forte au groupe. Ainsi peut-on percevoir un 'Dragula' de Rob Zombie dans le couplet de 'Starlord' mais également du System Of A Down dans le refrain de 'Roses Are Dead' où l'on peut y trouver une ressemblance avec celui de 'Hanking Antilope'. Les titres marquant l'album sont nombreux, et parmi eux, nous soulignerons l'efficacité de 'Nosedive', 'Roses Are Dead', '72', 'Tsunami' ou encore 'God Sells' qui à eux seuls justifient qu'on se penche sur cet album.
Au final, l'arrivée du vocaliste au sein de Blackmore semble être bénéfique pour tous. Alors que Viza est toujours en plein hiatus qui semble encore se prolonger, K'noup cherchait alors une formation plus brutale, metal et moins ethnique. Le voilà en frontman d'un quintet sur mesure qui a tout pour s’exporter et faire parler de lui sur notre vieux continent et dans l'hexagone, qui lui est particulièrement cher.