Duo suédois formé du père (Stefan) et du fils (David), Lost Kite nous revient deux ans après "Two", un album fort apprécié par Music Waves pour sa délicatesse nimbée de romantisme. Son successeur, "Remains", reprend là où nous avions laissé "Two" et nous embarque dans une nouvelle promenade douce et nostalgique.
L’album est composé de treize titres aux durées diverses, entre un 'Dark Woods-Dawn Meadows' qui culmine à plus de onze minutes et le bref 'Off-Season Shores' et ses 1’24". Mais que les morceaux soient longs ou courts ne changent rien à l’affaire : Lost Kite ne se départit que très rarement d’un calme mélancolique au tempo lent et à la nuance piano. Amateurs de musiques énervées et bruyantes, passez votre chemin, vos tympans épaissis par trop de décibels n’arriveront pas à capter les faibles ondes sonores qui émanent de ce disque. Car, comme pour l’opus précédent, il est recommandé d’exceptionnellement pousser le volume pour apprécier comme il se doit une musique parfois très (trop) confidentielle. C’est bien là le plus lourd défaut de "Remains" !
Car esthétiquement, Lost Kite assure une prestation de qualité. Les mélodies sont raffinées, portées par un sens de la composition de bon goût et interprétées par des musiciens habiles et multi-instrumentistes, le père notamment dont les instruments à vent enrichissent de couleurs chatoyantes le jeu tout en finesse des guitares de tout poil, basses, électriques et acoustiques, picking, arpèges et balayages se superposant par couches pour créer des atmosphères tantôt bucoliques, tantôt médiévales, tantôt inquiétantes.
Peu de chant, concentré sur les deux premiers titres et plus loin sur ‘Remains’. Un chant à l’aune des instruments, discret, un rien dépressif. ‘Rise’, un brin angoissant, fait penser aux derniers essais atmosphériques de Peter Hammill et ‘Where Swallows Fly’ est une élégie de facture presque classique au final prenant sur lequel les voix s'entremêlent dans de très beaux effets. ‘Remains’ s’avère un peu long pour ce qu'il a à dire malgré un très intéressant travail sur les guitares.
Les titres courts peuvent être regroupés en deux catégories : les Anthony Phillips-like et les classicisants. Les premiers (‘Goat Island’, ‘Ma Fourmi Noire’) renouent avec ces mélodies médiévales à la "The Geese and the Ghost" déjà remarquées sur l’album précédent. Les secondes (‘Selma By The Window’, ‘Old Limp Duck’, ‘Winter's Presage’, ‘Seven Waves Apart’) servent essentiellement d’arguments pour entendre de courts thèmes à la guitare classique et font, malgré l’intelligence du jeu déployé, un peu office de remplissage.
Tout aussi instrumentaux mais bien plus intéressants, le groovant ‘Up And Down The Gravelpit’, malgré une tonalité un peu sombre, invite pourtant à danser au son de sa basse ronronnante et de son sax langoureux, et ‘Dark Woods-Dawn Meadows’, entre Isildurs Bane, Anthony Phillips et Genesis, incline à la rêverie, enchaînant une succession de petits thèmes tantôt guerriers, tantôt intimistes, tantôt romantiques.
Malgré quelques titres dispensables que la durée de l’album aurait aisément permis de sacrifier, "Remains" s’avère le digne successeur de "Two", offrant à l’amateur de raffinement musical des compositions diversifiées mais dont la subtilité d’interprétation nécessite parfois un peu de patience pour en dévoiler les charmes.