A peine plus d’un an après l’insipide "Manifesto", Roxy Music retrouve le chemin des studios. Du moins ce qu’il en reste, car le sextet du premier album qui s’est rapidement transformé en quintet puis en quatuor perd à nouveau un de ses membres et nous revient en trio. Pour cette reformation, le batteur Paul Thompson a quitté le navire et Roxy Music n’est désormais plus formé que de Bryan Ferry, Phil Manzanera et Andy Mackay qui complètent leur line-up d’une foultitude de musiciens studio.
A vrai dire, l’écoute de cet album laisse l’impression d’entendre un album solo de Bryan Ferry accompagné de musiciens dont le seul rôle est de servir de support discret au chanteur sans lui faire d’ombre. Les interventions solos de Manzanera et de Mackay se comptent sur les doigts d’une main et ne dépassent pas la poignée de secondes. Heureusement, Bryan Ferry a repris des couleurs après sa prestation apathique sur l’album précédent. Néanmoins, sa voix a totalement perdu les accents provocateurs et démesurés des premiers albums pour se contenter de chanter de la façon la plus suave possible.
Le même lissage consensuel est appliqué à la musique : les titres mid-tempo gentiment dansants s’enchaînent plutôt agréablement (l’inspiration est légèrement meilleure que pour "Manifesto") malgré une rythmique métronomique assez lassante. Mais en renonçant à ses excentricités et dissonances, Roxy Music a perdu son âme et son caractère. Seuls les deux derniers titres, que Manzanera co-signe avec Ferry, sortent l’album de l’ornière glamour dans laquelle il patine. A croire que si Ferry a perdu son inspiration, Manzanera a su conserver sa flamme originelle.
Des titres aux mélodies globalement plus inspirées, une production plus équilibrée que sur “Manifesto”, un semblant de regain d’envie de Bryan Ferry font de cet album un disque écoutable. Néanmoins, pas véritablement enthousiasmant, "Flesh + Blood" est un album de pop qui peut probablement séduire un auditoire par ses rythmes dansants et ses mélodies consensuelles mais certainement pas celui qui a apprécié le Roxy Music des quatre premiers albums.