De temps en temps, surgissent de la masse quelques petits génies créatifs qui rafraîchissent grandement le flot débordant de nouvelles productions. Un exemple ? Que l'on aime ou pas, Devin Townsend a réussi à mettre tout le monde d'accord sur son indéniable talent. Avec Daniel J, on sent tout de suite que l'on a affaire à un personnage du même acabit.
Fils de musicien et donc plongé dans cet univers dès son enfance, Daniel Jacubovik apprends vite et joue de multiples instruments. Comme souvent en musique, bon sang ne saurait mentir. Alors que certains groupes n'atteignent leur maturité artistique qu'au bout de trois ou quatre albums Daniel J vient narguer tout le monde, avec une facilité déconcertante, et écoeure par une maîtrise innée des guitares et de la composition.
Alternant entre un métal traditionnel et un progressif de la meilleure école, Losing Time ne lasse à aucun moment. Les compositions, riches en mélodies et en riffs assassins sont pour la plupart passionnantes et d'une densité exceptionnelle. Les solos démontrent une dextérité étonnante bien que parfois un peu trop démonstrative. On remarquera quelques belles descentes de manche et surtout de nombreuses tierces aux sonorités bizarroïdes qui ne sont pas sans rappeler un certain Steve V. Une ballade très délicate, où papa assure le solo de saxo, vient démontrer que la sensibilité et le feeling, d'une rare intensité, ne sont pas oubliés.
Bien sur, tout n'est pas parfait et c'est heureux pour Mr J. Quelques améliorations peuvent être mises en place, notamment sur le chant qui peut parfois être mal ajusté notamment dans le choix des tessitures. Certaines compos manquent aussi un peu de punch et d'intérêt face à d'autres. De plus, un fort magnétisme, du coté de "vous savez qui", vient émousser parfois la surprise d'une telle nouveauté. D'ailleurs Jordan R vient assurer les claviers sur l'album.
Mais, ces erreurs de jeunesse vont probablement disparaître sur le prochain album tant la personnalité de l'artiste est palpable. En fait, je pense que tous les éléments d'une éminente réussite artistique sont déjà présent sur Losing Time. A Daniel J d'en assurer la bonne combinaison et ce malgré une épaisseur qui peut paraître indigeste et en rebuter certains.