Pour résumer brièvement les épisodes précédents, Geoff Tate, après son exclusion de Queensrÿche et une bataille juridique et égotique aussi longue que ridicule, a obtenu les droits de l’album "Operation Mindcrime" en 2015 et a immédiatement décidé de baptiser son groupe du nom du chef-d’œuvre fondateur du metal progressif. Operation: Mindcrime, ainsi nommé, est donc le projet solo du chanteur qui, entouré d’un line-up solide, s’est lancé dans la composition d’une trilogie dont "Resurrection" est le second volet.

Si le premier tome "The Key" était relativement hétérogène, il n’en contenait pas moins des morceaux de bonne tenue, accessibles et mélodiques. Hélas il semble que Geoff Tate ait définitivement perdu les clés de l’inspiration pour "Resurrection".

L’opus s’ouvre sur une suite de quatre titres lénifiants et sans intérêt censés introduire le concept album et alternant bruitages de science-fiction, symphonie electro et piano-voix sans saveur. Suivent des titres mid tempo poussifs, soporifiques et peu mélodiques (‘Left For Dead’, ‘Miles Away’, ‘Healing My Wounds’, ‘Invincible’) à peine sauvés par ‘The Fight’, ballade AOR sympathique mais sans génie. L’auditeur sortira enfin de sa torpeur avec ‘Taking On The World’ qui lui rappellera brièvement le Queensrÿche de la grande époque, puis retombera dans une apathie morose. A moins que l’énervement ne l’emporte.

En effet les trois morceaux suivants (‘A Smear Campaign’, ‘Which Side Your On’, ‘Into The Hands Of The World’) sont des collages expérimentaux sans aucun fil conducteur mélodique, composés (même si le mot composition est ici inadapté) de bribes musicales incohérentes faites de percussions, breaks jazzy et passages symphoniques emphatiques saupoudrés de chorus de saxophone joués par Geoff Tate.

Seules une production sans faille et la voix chaude inimitable de Tate sauvent l’album du désastre car même le talent des musiciens est sous-exploité, malgré des invités prestigieux comme David Ellefson (Megadeth) ou Tim Owens (Judas Priest).

"Resurrection" est un album ennuyeux, dénué d’inspiration et d’émotion et manquant cruellement de musicalité. Nous attendons donc sa suite annoncée sans aucune impatience.