L’histoire de Locanda Delle Fate aurait pu se résumer au seul "Forse le Lucciole non si Amano Più", très bon album de rock progressif italien paru à la fin des années 70, une période peu propice au rock progressif et qui entraîna la dissolution du groupe. Mais ce genre musical trouvant un second souffle au début des années 90 donne l’idée aux musiciens de Locanda Delle Fate de reformer leur groupe et d’enregistrer en 1999 leur deuxième album, "Homo Homini Lupus".
Par rapport à la formation de 1977, deux absences se remarquent. Tout d’abord Leonardo Sasso, le chanteur, n’a pas rempilé. Si la place de chanteur est souvent importante, le remplacement de Leonardo Sasso par Ezio Vevy se fait cependant sans heurt. Sasso n’était pas le centre d’intérêt de l’album précédent, sa voix relativement quelconque n’imprimant pas une empreinte forte au disque. Ezio Vevy parvient donc aisément à le remplacer dans un registre moins rocailleux, sans qu’il soit exceptionnel lui non plus dans ce rôle, et ce qui lui fait par ailleurs délaisser sa flûte, l’un des éléments phare de l’album précédent. Plus préjudiciable au son du groupe, Michele Conta n’intervient que sur un titre (‘Ojkitawe’) alors que les arabesques de son piano cristallin constituaient une grande part du charme de "Forse le Lucciole non si Amano Più".
Et avec l’absence de son claviériste, il semble bien que ce soit ses ambitions progressives qu’a abandonnées Locanda Delle Fate. Les luxuriances du piano et de la flûte ont été troquées contre un habillage très classique d’arpèges de guitare et de murs d’orgue. Les titres restent très proches d’un format chanson, ne s’égarant jamais dans de passionnantes digressions. L’album n’est pas désagréable pour autant, peuplé de rocks mid-tempo aux mélodies romantiques qui s’écoutent bien, et truffé de nombreuses interventions de chœurs bien trouvées. Le groupe introduit de plus une bonne dose de diversité entre ses titres même si certaines tentatives s’avèrent surprenantes (l’ambiance fête de village de ‘Bandando’, l’ethnique ‘Plovi Barko’ rappelant ‘Le Roi Lion’, ou le mélange peu convaincant de folklore sud-américain, de funk et de hard rock sur ‘Fumo’).
Pour son retour, Locanda Delle Fate propose un album agréable et varié, mais bien plus proche de la grande variété internationale que du rock progressif. On peut aimer ce disque plutôt romantique dès lors qu’on n’espère pas y retrouver les mélodies délicieusement alambiquées de son prédécesseur. Vous voilà prévenus !