L’actualité prog est depuis quelques années devenue tellement riche que l’on ne se rend plus compte du temps qui passe. Déjà 2 ans que ce trio Canadien nous a délivré son formidable premier essai « Corpus » (chronique que je vous invite d’ailleurs à lire sur ce même site). Emballé par la fougue de leur premier album, j’étais impatient de découvrir la suite de leurs efforts afin qu’ils sortent enfin de leur relatif anonymat.
A la 1ère écoute, force est de constater qu’ils n’ont pas tout à fait pris en compte le principal reproche que leur avaient fait beaucoup de journalistes chroniqueurs (satanés musiciens, ils en font qu’à leurs têtes, vous me direz on a qu’à pondre un disque si on sait comment faire une œuvre parfaite !). Ce reproche se portait sur le fait que « Corpus » était un rassemblement de compositions improvisées enregistrées live pour la plupart. Cela avait le défaut de ses qualités. C'est-à-dire que malgré la fougue du live, certains morceaux auraient mérités des développements plus étoffés. Le potentiel musical n’était ainsi pas complètement traité.
Avec « Chromium », je me saurais vous dire si les compositions sont jouées live mais elles sont toutes aussi courtes que sur « Corpus ». Si j’avais à me prononcer, je dirais qu’il ne s’agit pas d’improvisations (houlà ! je prend des risques là ! qui prend les paris ?) car les compos semblent être plus recherchées, plus riches techniquement. Et en matière de technique, le bassiste, Donald Fleurent est un maître en la matière, il domine l’album par son jeu fluide et varié grâce aux différents modèles qu’il utilise (4, 6, 7 et même 12 cordes). Il est assisté par Mark Di Claudio, à la batterie digne des plus grandes. Cette section rythmique est d’une remarquable efficacité et semble être délivrée sans réel effort. On a même l’impression que les musiciens se censurent pour ne pas perdre le néophyte dans des schémas trop complexes.
Quant à la guitare, tenue par Martin Vanier, qui est aussi responsable de guitares synthés, le jeu de Al Di Méola n’est pas bien loin. Cet ensemble fusionne parfaitement et délivre un rock prog fougueux époustouflant.
Pourtant « Chromium » ne m’a pas autant emballé que « Corpus », peut être parce que cette suite de 12 compositions ne me fait pas autant penser à King Crimson mais se trouve plus proche de Planet X.
On peut résumer cet album par une rencontre, une fusion improbable entre King Crimson et Zappa.
Les morceaux « Inversion » et « Hindi » sont sans doute ceux qui font penser le plus aux jeux de Tony Levin et de Fripp tandis que la plupart du temps la basse sonne presque comme celle de Mike Patton.
A l’image de « Corpus », la folie jubilatoire de Djam Karet n’est jamais également très loin en dehors de quelques, trop rares, passages atmosphériques envoûtants délivrés par les claviers (« Nebuleuse » et « cumulus »).
Vous l’aurez compris, je ne conseille pas ce disque aux amateurs exclusifs de néo et de prog symphonique. Par contre, les fans de Planet X et de Djam Karet peuvent y aller les yeux fermés, ils seront comblés !