Si en concert Heaven Shall Burn marque son auditoire, il n’en va pas de même au niveau des albums. La carrière des Allemands est en dents de scie et ces pionniers du metalcore ont parfois rendu des copies médiocres et vite oubliées. Le dernier en date, "Veto", était correct et voyait le groupe s’orienter vers des sonorités mélodiques tout en restant virulent. "Wanderer", leur huitième album, est un cap important - le groupe est devenu un vétéran d’un genre qui n’a plus tellement la cote.
Mais Heaven Shall Burn semble avoir les armes pour résister à l’usure du temps. Pour ce nouvel album, le groupe ne change pas sa formule d’un iota et nous propose un disque dans la droite lignée du précédent avec ce même souci de la mélodie qui accroche au milieu d’une tempête. Car au chant, Marcus évite encore et toujours l’écueil du chant clair pour rester bien brutal. Le danger à éviter pour le groupe est la répétition d’une formule très maîtrisée et classique.
Hélas, souvent ce "Wanderer" plonge droit dans ce piège. Heaven Shall Burn connait son affaire et étale son savoir-faire, mais la redite pointe son nez en même temps qu’un certain ennui. Car avec des titres comme ‘Passage Of The Crane’, ‘Downshifter’ ou encore ‘Corium’ et ‘A River Of Crimson’ le groupe nous balance du metalcore générique. On y retrouve le chant hurlé de circonstance, les riffs teintés death mélodiques classiques et cette puissance qui reste accessible tout aussi classique. Tout cela est certes bien fait et devrait ravir les fans sur le moment, mais s’oublie également fort vite.
Heureusement le groupe évite la correctionnelle et propose des titres plus marquants. ‘Bring Me War’ est efficace avec un franc côté martial et de bons petits riffs et soli proches d’un heavy classique. Quand Heaven Shall Burn fait parler la puissance pure en se rapprochant du deathcore, il est également plus convaincant : ‘The Shay Not Pass’ et ‘Prey To God’ foncent droit devant et font mal avec même un peu de chant growl sur la deuxième. Enfin avec l’accrocheur ‘Save Me’ le groupe réussit son coup : le titre est puissant et accrocheur, et sa mélodie dans le ton d’un In Flames est très efficace.
Le bilan est donc très mitigé, Heaven Shall Burn connait évidemment son métier et l'exprime avec un certain talent, mais "Wanderer" manque cruellement de flamme et d’identité. Le groupe se repose bien trop sur ses lauriers et ne se fait violence que trop peu rarement. Ce disque s’écoute sans déplaisir mais sa durée de vie semble bien courte...