Si l’on en croit la petite note accompagnant cet album sur le site officiel de Nosound, "Scintilla" symbolise une nouvelle approche musicale et visuelle initiée par le leader du groupe, Giancarlo Erra. Pour ceux qui ne le connaîtraient pas encore, rappelons que Nosound évoluait jusque-là sur le terrain très balisé du rock atmosphérique.
Nouvelle approche visuelle, sans conteste. La petite fille rieuse qui court après ses bulles de savon est bien loin des pochettes dépouillées habituelles distillant un ineffable parfum de solitude, entre banc sous la neige, sièges vides, barques échouées ou silhouette féminine semblant abandonnée sur un banc, autant d’images collant parfaitement à la musique dépressive du combo italien. Cette petite fille souriante annonce-t-elle une musique plus optimiste et légère ?
Pas vraiment. "Scintilla" reprend à peu près toutes les recettes utilisées par Nosound jusqu’alors. Un tempo uniformément lent, sans à-coups, un chant mélancolique assez monocorde, des compositions d’une profonde tristesse ne s’éloignant jamais bien loin du format chanson constituent l’essentiel des dix titres que compte l’album. Des nappes de claviers, quelques solos de guitare slide préférant une langueur stratosphérique aux déferlements de décibels, une paire rythmique bien servie par la production qui dynamise quelque peu l’ensemble et un violoncelle aux longs traits mélancoliques représentent l’essentiel de la panoplie instrumentale utilisée.
Tout est très bien fait, les compositions sont toutes agréables, le groupe a de la présence et le disque s’écoute facilement. Oui, mais… si on ne peut rien reprocher à chaque titre, l’ensemble s’avère un peu monotone, un peu trop uniformément gris. Les chansons s’enchaînent sans véritable surprise, sans vraiment décevoir non plus, mais l’ennui pointe son nez à plusieurs reprises. Que retenir ? Le grain de voix d’Andrea Chimenti qui, sur les couplets de ‘Sogno E Incendio’, prend des faux airs de David Bowie (alors que les interventions de Vincent Cavanagh ne se différencient que peu de celles de Giancarlo Erra), le beau duo piano/voix de ‘Love Is Forever’, les interventions de "fausses" trompettes sur ‘Emily’ et ‘Scintilla’ ou le poétique final instrumental de ‘Scintilla’ qui incite à la rêverie ? C’est à peu près tout et c'est un peu court.
Si Nosound avait jusqu’alors a évité le principal piège du genre musical dans lequel il officie, la monotonie, il semble bien qu’il y soit finalement tombé avec "Scintilla". Malgré de beaux thèmes mélodiques, l’album est un peu trop linéaire et bien trop ressemblant à ses prédécesseurs pour convaincre totalement.