En vieux gallois, "Alawn" signifie "Harmonie", celle vers laquelle tend à termes toute personne affrontant les épreuves de la vie et les tourments de son âme. Avec très certainement une bonne part d'autobiographie dans le concept déployé tout au long des huit titres présentés ici, Dam Kat – l'âme de Children in Paradise – nous propose un premier album très personnel en son nom propre, même si ses compères habituels ne sont finalement jamais très loin.
'Courage and Sorrow' entame le voyage par une mélodie de flûte irlandaise jouée par Loïc Bléjean, mettant en place une ambiance qui rappelle le défunt groupe The Violet Hour. La voix suave de Dam Kat se pose alors sur un fond de claviers planants avec des chœurs inquiétants qui vont prendre peu à peu de la puissance jusqu'au final introduit par les Uillean pipes de Loïc Bléjean qui permet à une fureur jusqu'alors contenue de se libérer, soutenue en cela par la guitare métallique de l'incontournable Gwalchmei.
Plus sombre que l'univers habituel de Children in Paradise, cette première claque est suivie par le titre le plus marquant de l'album, celui qui voit notre Dam Kat partir vers d'autres rivages. 'The Devil Inside Me' se révèle en effet carrément dantesque, avec ses claviers inquiétants, sa guitare proprement metal et surtout une Dam Kat qui va jusqu'à éructer, hurler, growler des paroles que l'on devine très fortes. Emotions garanties.
Si la belle va revenir par la suite à des interprétations plus conventionnelles, l'ensemble de l'album nous entraîne dans cet univers musicalement bipolaire dans lequel la douceur vocale et les claviers planants côtoient la fureur des éléments déchaînés délivrés par la guitare du maestro Gwalchmei, le tout basé sur des rythmiques mid-tempo qui permettent de marquer encore plus le propos. L'autre exemple marquant de cette dichotomie assumée est porté par 'I Write a Poem' où, après une mise en bouche celtique magnifique et apaisante, le chant déroule ses harmonies à la façon d'Elizabeth Frazer (Cocteau Twins) sur fond de guitare tranchante.
Le mastering de tout cela, confié à un certain Daniel Cardoso (Anathema), permet en outre de profiter pleinement de ces ambiances où l'on ressent également l'influence des univers de Tolkien, et en fermant les yeux on se plait à imaginer la bande son de l'une ou l'autre de ses œuvres portées à l'écran. La résolution de l'ensemble et l'harmonie retrouvée sont enfin proposées par 'I Believe', titre final tout en douceur dans lequel les effluves de Mellotron conjuguées à la lyre celtique viennent apporter un apaisement protecteur, refermant le livre des tourments et des émotions.
Plus qu'un simple album, "Alawn" est un véritable voyage émotionnel que l'auditeur s'appropriera au fil d'écoutes attentives et répétées, avec pour ce qui me concerne un étalement dans le temps permettant une certaine maturation. Mais au final pour un résultat emballant !