New Model Army, groupe britannique aux 36 ans d’existence, sort en cet été 2016 son quatorzième album "Winter", après un "Between Dog And Wolf" (2013), sur la forme plus direct et épuré par rapport à l’ensemble de leur discographie, et salué par la presse musicale comme constituant un retour en grâce et à la créativité. Situer le style New Model Army n’est pas aisé car le groupe se revendique de différentes influences aux frontières du punk, du political rock, du folk, du goth voire du metal, refusant d’être catalogué dans un seul genre. Cumuler les influences fait courir le risque de perdre en cohérence et d'être déroutant. "Winter" en est la relative illustration.
L’album s’ouvre sous les meilleurs auspices avec le crépusculaire 'Beginning', sombre et poignant. Pendant les 4 premières minutes, le chant de Justin Sullivan rappelle étrangement celui de David Bowie. Le titre se construit sous une forme de désespérance incantatoire pour se conclure, dans sa dernière partie, en un cri déchirant introduisant l’hymne 'Burn The Castle'. Ce brûlot exutoire est diablement efficace, rythmé dans une atmosphère que n’aurait pas renié Mötorhead. Après cette belle entrée en matière, l’acoustique 'Winter' vient calmer le jeu. Au fil des 13 titres de l’album, l’auditeur alternera d’un style à l’autre et le feu, allumé dès le début, finira par se circonscrire tant l’album est pénalisé par quelques titres dispensables ('Weak And Strong', 'After Something') et demande de l’attention.
Justin Sullivan, seul membre de la formation originelle de 1980, précise au sujet de "Winter" qu’il souhaitait construire un album de groupe avec un son agressif et moins policé. Le résultat est en partie réussi car, outre le très enlevé 'Burn the Castle', ce climat se retrouvera sur plusieurs titres comme notamment 'Eyes Get Used To The Darkness', 'Stragoula' et 'Devil'. La section rythmique n’est pas en reste avec une basse bien présente jouant parfaitement son rôle. Comme sur le précédent album, la batterie est mise en avant avec des interventions constructives comme sur 'Winter' et 'Born Feral'. Par ailleurs, la guitare se veut directe et sans fioritures entre saturation et acoustique ('Die Trying'). Sur ce point, le but est atteint. Enfin, la voix de Justin Sullivan colle aux différents styles abordés dans l'album : rauque sur les titres agressifs et plus claire sur les titres plus apaisés ('Die Trying', 'Echo November').
Après avoir traversé un pan de l'histoire du Rock, New Model Army n’a plus rien à prouver et a acquis son indépendance lui permettant de proposer une musique personnelle en dehors de toute étiquette et tout système. C’est ce qu’il prouve au terme d'un "Winter" racé et authentique, qui aurait mérité néanmoins d’être amputé de 2-3 titres. Les fans seront ravis de cette orientation. Un album qui mérite qu’on s’y attarde tant ce groupe mérite le respect.