Derrière ce nom étrange se cache un quatuor Réunionnais qui écume les salles de l'île de l'Océan Indien depuis plusieurs années. Vacuum Road a sorti son premier album début 2016 et ambitionne de porter son rock alternatif bien au-delà de son rocher natal. Les quatre jeunes musiciens y ont mis tous les ingrédients afin de s'assurer une visibilité suffisante pour susciter l'intérêt des médias français et étrangers.
Entre metal alternatif et rock atmosphérique, Vacuum Road propose une palette musicale assez large. Le titre qui ouvre l'album est le plus pop de ce "Rear Views". 'The Sandlords' est le single qu'a choisi le groupe et un clip à l'esthétique très soignée réalisé par Mickael Gresset sert de vitrine au savoir-faire du groupe. Mais l'ambiance un peu lancinante du début et un chant moins expressif que sur le reste de l'opus ne servent peut-être pas les intérêts du quatuor à sa juste valeur et rendent ce choix étonnant.
La suite est beaucoup plus réjouissante, puisque Vacuum Road nous montre toute sa personnalité dès les deux titres qui suivent avec d'abord un 'Futurism' aux tonalités sombres, aux riffs ravageurs dopés aux screamos de Thomas. C'est ensuite au tour de 'Water and Gravity' de continuer de piquer notre curiosité avec ses dix minutes de rock/metal atmosphérique fait de changements de rythmes entre complaintes vocales, ambiances mélancoliques et riffs heavy. Le titre transporte l'auditeur grâce à une force émotionnelle rare perceptible sur le long passage instrumental final ou dans les refrains rageurs.
Difficile de ranger la musique des Réunionnais dans une case bien définie tant elle mélange des franges diverses du metal. Souvent comparé à des groupes comme Tool ou Archive pour son côté alternatif et un chant très expressif à la M. J. Keenan (comparaison criante sur 'Nature Hates a Vacuum'), la personnalité du groupe imbibe chaque titre et lui confère une authenticité indéniable. Ainsi les morceaux font la part belle aux envolées de guitares ('64' ou '82') tout en alternant les passages plus intimistes, les reprises de thèmes n'en étant que plus explosives ('Evil After All' ou 'And That Winter That Never Comes').
Si plusieurs écoutes vous feront découvrir de nouvelles ambiances à chaque passage, elles révèleront également une structure de morceaux assez complexe mais que l'on retrouve malheureusement cycliquement, ce qui empêche parfois de distinguer clairement les morceaux les uns des autres, ceci étant particulièrement vrai sur la fin de l'album, malgré la pertinence des trois derniers titres tout aussi accrocheurs et passionnants. Vacuum Road parvient tout de même à mélanger des apports post-rock, alternatifs et atmosphériques et à concilier mélodie, puissance et force émotionnelle dans une musique progressive par essence, sublimée par des arrangements subtils, une technique individuelle toute en maîtrise et une production exemplaire.
Il reste des éléments à perfectionner et une personnalité artistique à développer pour que Vacuum Road s'émancipe de ses influences parfois un peu lourdes ou trop présentes. Mais l'ensemble est déjà d'une grande profondeur et ce "Rear Views", du haut de ses 9 titres presque tous supérieurs à six minutes, ressemble plus à un album de la confirmation de l'énorme potentiel du groupe qu'à un premier essai, même s'il s'agit pourtant bien de leur première production. Comme quoi, le talent n'attend décidément pas le nombre des années. Espérons que Vacuum Road trouvera le succès qu'il mérite et qu'il saura confirmer ce début en fanfare. Un groupe à suivre de très près.