Dire qu'avec "Better Than Home" (2015), Beth Hart a vu sa carrière franchir un nouveau cap serait presque réducteur. En effet, même si l'Américaine bénéficiait déjà d'une reconnaissance non négligeable, avec cet album à fleur de peau elle a vu ses ventes de disques et de places de concerts exploser. Il était grand temps, tant la chanteuse fait preuve d'un talent hors du commun depuis le début de sa carrière. Mais il est vrai qu'il n'est pas toujours facile de trouver son public pour une artiste qui refuse de se laisser enfermer dans un créneau musical trop étriqué. Fidèle à ses principes et souhaitant probablement ne pas laisser retomber l'enthousiasme, la Californienne nous revient avec un nouvel opus produit par Oliver Leiber (Rod Stewart, The Corrs, Paula Abdul...) et intitulé "Fire On The Floor".
Du propre aveu de son auteur, "Better Than Home" avait été un album douloureux et s'en ressentait au niveau de son ambiance générale majoritairement mélancolique. Sans renier son style, Beth Hart a décidé de prendre le contrepied avec sa nouvelle œuvre. Pour ce faire, elle se retrouve épaulée par une équipe de musiciens légendaires rameutés par Oliver Leiber. Parmi ces pointures, nous citerons les guitaristes Michael Landau (Pink Floyd, Michael Jackson, Miles Davis...), Waddy Watchel (Iggy Pop, Bryan Ferry, Linda Ronstadt...) et Dean Parks (Joe Cocker, BB King, Elton John, Stevie Wonder...), ou le batteur Rick Marotta (Aretha Franklin, Peter Gabriel, John Lennon...). Véritable démonstration vocale, sans pour autant tomber dans l'exubérance, 'Jazz Man' plonge l'auditeur directement dans le bain. Energique et positif, ce jazz big band lance l'album sur les bons rails.
La suite reste du Beth Hart et certains titres continuent à s'aventurer dans des ambiances tristes et douloureuses, mais que cela soit sur le désabusé 'Love Is A Lie' à la colère maîtrisée, sur le titre éponyme traduisant la détresse d'une personne ne sachant pas comment venir en aide à un proche en perdition, ou sur le délicat 'Woman You've Been Dreaming Of', le message se veut plus positif, encourageant à se relever face aux épreuves imposées par la vie. Bien que dominé par les influences bluesy, l'ensemble des titres continue à balayer un spectre musical assez large allant d'un rock puissant et accrocheur ('Fat Man') à une pop délicate et finement ciselée rappelant les premières œuvres de Norah Jones ('Picture In A Frame'), passant par un R'n'B groovy et hâbleur ('Baby Shot Me Down') ou une pop légère et enjouée, véritable bouffée d'optimisme ('Let's Get Together'). Ajoutez à cela le reptilien 'Love Gangster' au refrain hypnotisant et un 'Coca Cola' lascif et désinvolte, mariant blues, rock, soul et jazz, et vous obtenez un opus à nouveau imparable.
Une fois encore, Beth Hart réussit à offrir un album varié et cohérent dont sa voix reste le principal fil conducteur. Capable de traduire toutes les émotions en touchant l'auditeur au plus profond de son âme, la chanteuse emmène ce dernier vers des horizons plus ensoleillés et optimistes que sur son précédent album. Ceci ne l'empêche pas de confirmer le talent reconnu à l'occasion de "Better Than Home" et de s'installer sur les plus hauts sommets occupés par ces artistes rares à l'identité forte et intègre.