Avec un premier album faisant la part belle au surréalisme et aux chansons délirantes, Hubert-Félix Thiéfaine n'a pas attendu l'autorisation de délirer. Ce second disque saura-t-il évoluer ou ne sera-t-il qu'un clone du premier album ?
"Autorisation De Délirer" reprend sur les mêmes bases folk-rock que son prédécesseur. L'humour fantasque est toujours au rendez-vous, avec l'irrésistible chute de 'Court-Métrage' ou encore 'La Vierge Au Dodge 51', débutant par un chant à l'accent jurassien prononcé avant de prendre, sous la poussée des guitares, des allures de Ferrari. Avec 'Rock Autopsie', Hubert-Félix Thiéfaine donne une suite à 'La Fin Du Saint-Empire Romain Germanique' transposée dans le monde de la musique (on y apprend que Lou Reed met de l'eau dans son LSD - quelle époque !). Pourtant, l'humour en musique ne résiste pas à plusieurs écoutes et les courtes pistes 'Dernière Station Avant L'Autoroute', 'Autorisation De Délirer' et 'Variation Autour Du Complexe D'Icare' s'avèrent plutôt dispensables, le sketch prenant le pas au détriment de la musique.
Le désespoir du premier album a laissé place à la dénonciation à travers des vignettes qui n'hésitent pas à investir des genres comme le tango et la musique de cabaret sur 'La Môme Kaléidoscope' ou le blues de 'L'Homme Politique, Le Roll-Mops et La Cuve A Mazout'. Mais c'est avec 'Alligator 427', ses percussions tribales, son synthétiseur grondant, ses contrepoints déglingués de guitare et ses chœurs fantômes que, dans un style proche de Léo Ferré auquel le chanteur a souvent été comparé, Hubert-Félix Thiéfaine se fait le plus véhément, pour une mise en garde métaphorique contre le nucléaire et ceux qui en profitent, pourtant écrite dix ans avant l'explosion de Tchernobyl.
Ce second album, passé lui aussi inaperçu, ne possède certes pas de tube fringant comme 'La Fille du Coupeur de Joints'. Mais loin de n'être qu'une suite imparfaite du premier album, il montre que l'humour est une façade derrière laquelle se retranche une poésie noire, à l'image d 'Alligator 427' qui fait partie des moments clés des concerts. A noter que Claude Mairet, futur partenaire de longue date, fait ici sa première apparition, à la guitare.