Poor Genetic Material… drôle de nom ! Ça évoque le vice de forme, le matériel à obsolescence programmée, la machine qui produit des objets pas très bien finis… Voilà toutefois plus de quinze années que le groupe nous livre régulièrement des albums (10) de mouvance rock progressif mélodique.
Ce genre, propre à satisfaire l’auditeur en quête de musiques aisément abordables, présente néanmoins un risque : celui de tomber dans la redite, le créneau étant très largement exploité depuis de nombreuses années. "Absence" n’évite pas le piège, surfant sur des intros à rallonge (les deux parties d’ 'Absence’) sans grande consistance, utilisant volontiers un ton légèrement psychédélique sur fond assez planant, héritiers en cela du Pink Floyd des débuts. Tout cela ne frappe pas par son originalité, d’autant que les musiciens ne brillent pas par leur interprétation, notamment au niveau de la batterie, lourde ('Absence part 2’) et parfois approximative ('What If’), mais il est possible de faire le même reproche aux claviers, utilisés de façon bien conventionnelle, et même à la voix : si Phil Griffiths nous avait enchantés dans les deux premiers opus d’Alias Eye, sa prestation est ici souvent trop appuyée, et ne concourt guère à la légèreté de l’ensemble, que la flûte essaye néanmoins de relever.
Les morceaux les plus longs, tel 'Absconded', relèvent souvent du mecano progressif, une technique qui consiste à allonger inutilement les morceaux et à user de breaks (pas toujours bien traités) pour rentrer dans les canons du genre, mais sans parvenir à susciter la moindre émotion, procédé qui fera grincer les dents des détracteurs du prog. À trop vouloir copier le grand Floyd, PGM sombre dans la pâle copie (les percussions très moyennes d' 'Absence part 2' qui lorgnent sur le mythique 'Time'), voire l’écriture cinématographique où les bruitages encombrent les accords de synthé (je ne voyais pas le 7ème art si vide !), et signe des morceaux dont la cohérence est difficile à saisir ('Chalkhill Blues', partagé entre une rythmique guitare funky, une flûte plus aérienne, une basse virevoltante et des claviers plus éthérés).
Dans un genre déjà bien exploité, ce nouvel album de PGM se perd faute de cohérence et de légèreté. Si c’est dans les vieux pots qu’on fait les meilleures soupes, il faut néanmoins des cuisiniers qui ont la "patte", ce qui n’est malheureusement pas le cas ici.