Avec "Vital Signs" (1984), Survivor a retrouvé les sommets de l'AOR et s'est même imposé comme un leader du genre. L'arrivée de Jimi Jamison au chant n'y est pas étrangère et il est temps pour la formation de Chicago de nous offrir un successeur à cet opus certifié disque de platine. Si l'on ajoute à ce succès, celui monumental du titre 'Burning Heart' tiré de la B.O du film Rocky IV, il est clair que le quintet ne peut pas se permettre de faux pas car sa notoriété le met désormais sous le feu des projecteurs.
Bien que durcissant légèrement le ton, il n'est pas surprenant de voir le quintet creuser le sillon entamé avec "Vital Signs". La recette reste la même à quelques détails près. La quasi-totalité des introductions sont réalisées par des claviers aux sonorités typiques des années 80. Les refrains sont presque tous imparables et, bien que mixé légèrement en retrait, Frankie Sullivan nous sert encore quelques jolis soli dont il a le secret. Le chant de Jimi Jamison étant à nouveau parfait, c'est logiquement que nous nous retrouvons face à une nouvelle collection de hits en puissance, le meilleur exemple en étant le single 'Is This Love' qui cartonnera sur les ondes FM US. Sur le même modèle, des titres tels que 'How Much Love' ou 'Oceans' auraient également pu rencontrer un succès équivalent. De son côté, 'Backstreet Love Affair' vient flirter avec le Foreigner, période "4", mais en restant dans le cadre des titres précédemment cités.
Survivor joue également sur les alternances de couplets calmes et de refrains plus musclés mais toujours aussi obsédants ('Keep It Right Here', 'Rebel Son'). La mélodie reste une donnée incontournable et les amateurs de ballades seront aussi servis avec un 'Man Against The World' classique mais toujours aussi impeccable et envoûtant. Sa petite sœur, 'In Good Faith', tient également la distance mais reste cependant un léger cran derrière. Enfin, la face la plus hard du groupe se retrouve sur le titre éponyme, et surtout sur 'Can't Let You Go' dont la puissance rappelle les premiers albums du groupe.
Sans commettre de faux pas, "When Second Counts" vient confirmer la qualité de son prédécesseur. La recette évolue à peine pour un résultat toujours aussi agréable pour les amateurs de mélodies légèrement musclées. C'est d'ailleurs là que se trouve la seule véritable faiblesse de cet opus : Survivor semble avoir capitalisé sur le succès de son précédent album sans prendre de risque, si ce n'est celui de se répéter. Cet album n'en est pas moins une réussite, mais les Américains devront se remettre un peu en question sur leur prochaine livraison s'ils ne veulent pas s'enfermer dans un carcan trop étriqué.