Que se rassurent les allergiques à l’electro-swing, qui fut passagèrement à la mode lorsque triomphaient les Français de Caravan Palace ; le propos des Suisses s’inscrit dans une filiation plus franchement progressive, encore que des titres comme 'Fashioned Wonderland', fusion incandescente de jazz et de hip-hop, ou 'L’Anonyme', énergique expérimentation electro-rock, cherchent clairement à brouiller les pistes. Mais l’omniprésence des claviers (Rhodes et Moog) et les interventions, enthousiasmantes, des saxophones de Michael Borcard, font planer sur l’ensemble de l’album l’ombre tutélaire du Pink Floyd du milieu des 70’s.

C’est aussi le Flower Kings jazz-rock d’"Unfold The Future" qu’évoquera l’immense pièce 'La Physique Anarchique', séduisante tant mélodiquement que du fait de saillies solistes qui, sans se fantasmer virtuoses, naviguent avec bonheur entre l’audace harmonique jazz du saxo et le lyrisme sexy de la guitare tenue par Théo Kummer.

Poésie décalée enrichie d’incursions autant humoristiques que politiques (n’oublions pas que le premier album des Suisses emprunte son titre aux Zones d’Autonomie Temporaire théorisées par Hakim Bey, référence qui dialoguera avec les plus libertaires d’entre nous), les textes de "Parallaxi5" se déploient sur un mode parlé qui n’éclipse jamais l’inventivité des partitions instrumentales, témoins le reggae-jazz mélancolique des 'Sentiers Goudronnés' ou la sombre ironie de l‘electro-trip-hop 'Apax 34 002', illuminé par les orgues de Thierry Scherer.