The Browning est un quartet venu de Kansas City qui puise son inspiration dans des mécaniques aussi précises qu'inhumaines. Les Américains proposent le dernier volet d'un triptyque métallique dont l'imagerie post-apocalyptique, futuriste et glaciale complète à merveille leurs productions.
La formation a produit des albums, des démos, des EP, bref tout un tas de choses intéressantes qui veulent renouveler le genre, en y incorporant des éléments électro qui font partie intégrante d'un style qui apporte une bouffée d'air frais. Ajoutés à la rectitude métallique, ces éléments sont à la fois le terreau et l'assise solide sur lesquels se développe une musique à la croisée des genres. The Browning c'est ainsi le chaud et le froid qui partagent la même couche. Néanmoins, cette galette est baignée de sang et de violence aux traînées hémophiles propres aux oraisons les plus violentes.
Ces quatre garçons répandent aux vents les cendres d'un metal qu'ils voudraient sacrifier sur l'autel de la modernité, puis en donner une nouvelle incarnation comme transfigurée, mêlée de sonorités froides. Ils expérimentent la création de ponts entre les clivages musicaux et comblent ainsi les fossés qui séparent les musiciens.
La première piste de cet ouvrage débute par un synthétiseur, affirmation que ce genre est bel et bien porté par les claviers ("Cynia"). La rondelle débute en force, assénant des partitions rapides, aux variations multiples. La voix éructe sa colère puisée dans le metalcore, ou plonge dans les profondeurs abyssales du death brutal. Quant aux effets technoïdes, ils parsèment cette première copulation de crasse, de rouille et de graisse, alors que la section rythmique précise délivre des roulements de double caisse percutants ou des rythmes robotiques hypnotiques.
'Pure Evil' invite inévitablement à la transe par la danse. Même si son introduction parle plus au corps qu'à l'esprit, c'est sans compter sur cette facette très metal du combo, qui reprend rapidement le dessus, quand la violence se mêle à la glace d'un hiver nucléaire... Nous laissons passer quelques pistes, dont certaines invitent au soulèvement, alors que d'autres invitent à bouger le corps, quand arrive 'Hex' dans une veine plus planante, presque éthérée. Les ambiances planantes, et les rythmes pachydermiques alternent et luttent pour une certaine suprématie.
The Browning propose des vibrations qui parlent aussi bien au corps qu'à l'esprit, qui donnent envie de bouger, ou de se révolter... "Isolation" est donc une œuvre à part dans la galaxie metal, à des années-lumière du lot commun des productions du genre, dans un fier effort pour faire disparaître les barrières entre les genres et les étiquettes. À apprécier sans modération, en immersion sensorielle totale, ou dans des déhanchements suggestifs endiablés...