Décidément, Scott Gotham n'en finit plus de perpétuer la mémoire de Thin Lizzy. Si la légende s'est éteinte avec Phil Lynott, les Black Star Riders en font tout de même revivre l'esprit, tant les sorties du groupe sont fidèles à ce que l'Étoile Noire a apporté au hard rock pendant 20 ans.
Encore une fois, Ricky Warwick s'inscrit en pilier de cette identité lizzyenne tant son timbre et sa façon de chanter sont proches de ce que faisait Lynott. C'est encore flagrant sur la plupart des titres, au premier rang desquels 'When The Night Comes In', 'Heavy Fire' ou 'Cold War Love'. Ce dernier aurait même pu briguer une place de choix sur "Black Rose". Il faut dire que les compos signées Scott Gotham tirent dans le même sens, à tel point que l'on sent bien que le guitariste a été biberonné à l'école irlandaise. Quoi qu'il en soit, ses solos transpirent le talent et ce son distordu, si caractéristique des années 80, fait toujours mouche aujourd'hui. 'Who Rides The Tiger' et 'Ticket To Rise' en sont des exemples parfaits.
Les Chevaliers de l'Étoile Noire avaient toutefois entamé une certaine distanciation avec leurs illustres aînés sur "The Killer Instinct" l'an passé. Plusieurs titres confirment cette tendance comme 'Dancin' With The Wrong Girl', 'True Blue Kid'. Mais, chassez le naturel, il revient au galop. Les tics pris avec le temps par Ricky Warwick le trahissent encore et le mimétisme avec le regretté Lynott reste très présent jusque dans les intonations et dans la diction. Pourtant des titres comme 'Testify Or Say Goodbye' et 'Thinking About You ...' sonnent moins hard rock et plus rock moderne, mais leur efficacité n'est pas aussi immédiate que les morceaux plus rentre-dedans dont les riffs grassouillets restent jouissifs, celui de 'Heavy Fire' en tête.
Il sera toujours facile aux grincheux de tancer le manque d'originalité mais avec BSR c'est justement le but du jeu. Sauf que cette fois-ci, il y a malheureusement d'autres motifs de se sentir d'humeur chagrine puisque le groupe semble le cul entre deux chaises, ne sachant pas s'il doit s'affranchir pleinement de l'influence de Thin Lizzy au risque de décourager les fans du mythique combo irlandais ou s'il doit continuer de perpétuer le mythe et le son si particulier du Liz'.
Cruel dilemme en effet, mais le résultat est une copie déséquilibrée où ce choix cornélien plane au-dessus de chaque titre. En espérant toucher un public plus large, le virage rock plus rangé risque d'égarer les fans du groupe. Ceux-ci ne seront toutefois pas complètement perdus et trouveront quand même dans "Heavy Fire" des motifs de réjouissance certains. Non, ce n'est pas du Lynott ni du Thin Lizzy, mais ça y ressemble encore diablement et les nostalgiques comme les die hard fans de la Légende risquent d'y être encore sensibles.