039, préfixe téléphonique de l'Italie à l'international, est également le nom d'un groupe transalpin proposant avec "Amalgama" un premier effort marqué du sceau du metal mélodique. Tous les codes et les plans du genre sont bien assimilés par le combo italien... peut-être un peu trop bien.
Paradoxalement, c'est sous les sonorités house electro de 'The Dark Passenger" que s'ouvre l'album. L'auditeur semble plongé au beau milieu d'un Dance Floor, pour ensuite s'en éloigner au son de pas féminins. Le changement de mélodie résulte d'une transition via un fondu enchaîné pour aboutir à un riff de guitare acéré provenant d'une voiture à l'arrêt, dans laquelle la dame s'engouffre et est conduite au rythme de 'Dexter' très enlevé. Ce titre possède des réminiscences d'un "Six Degrees Of Inner Turbulence" de Dream Theater, comme tout l'album d'ailleurs, notamment dans l'utilisation des bruitages (accident, bruits de pas, hôpital, discussions ambiantes, pluie) et dans les structures (le gimmick de guitare notamment dans 'Dexter' et 'What's Left') sans toutefois atteindre l'ampleur symphonique de leurs illustres ainés.
L'œuvre de 039 se veut très mélodique et atteint son paroxysme avec 'Out Of Time (Part I)', délicat et au raffinement latin certain qui se clôture sous des notes aux accents gilmouriens en reprenant un court extrait de "The Dark Side of the Moon", auquel succède 'Away From The Sun', ballade d'un très grand classicisme. Si Dream Theater est une influence importante, 'Mother' rapproche 039 de Sylvan car le refrain fait immédiatement penser au phrasé de Marco Glühmann. Au firmament de "Amalgama" figure 'Blood' très réussi dans sa construction ainsi que dans l'émotion qu'il dégage, rappelant les derniers travaux de Pendragon.
L'ensemble est bien exécuté démontrant ainsi le travail de groupe effectué sur cet album. Le chant de Bruno D'Aleo en anglais, sans accent, est suffisamment sobre pour faire monter la tension dramatique du projet mais manque encore un peu de coffre. Dans cet album, la guitare et les claviers tirent parfaitement leur épingle du jeu. Les interventions de Ruggero Ascione sont variées entre riffs racés, rythmiques et soli heavy voir floydiens par moment sans être foncièrement trop techniques. Il fait preuve d'un certain feeling et d'une palette de styles assez impressionnante. Les claviers de Marco Zanibelli sont omniprésents, utilisant des sonorités fort bien choisies pour accentuer l'aspect cinématographique de l'album. La section rythmique, quant à elle, remplit son rôle a minima car la basse discrète est hélas sous-mixée et la batterie paraît plutôt martiale et exempte de nuances.
Bien agencé, alternant titres nerveux et plus calmes, "Amalgama" vaut la peine d'être écouté et peut constituer une bonne introduction à ceux qui voudraient découvrir le metal à tendance mélodique teinté d'un soupçon de progressif. A contrario, les habitués ne seront pas surpris, l'album manquant encore de personnalité affirmée - un constat souvent relevé dans un premier album. Espérons que cette personnalité se développe dans le prochain essai attendu, qu'il faut encourager car les bases sont posées et plutôt bien assimilées.