Cairo est le dernier rejeton de Rob Cottingham, calviériste et vocaliste qui a une longue carrière derrière lui, notamment dans les rangs du groupe de metal progressif Touchstone. Avec Cairo, Rob souhaite rester dans la mouvance progressive, mais avec un son plus lourd et un environnement plus électronique, tout en s'associant avec une voix féminine : après avoir partagé le micro avec Heather Findlay pour son album solo ("Captain Blue", 2013), c’est Rachel Hill qu’il choisit, chanteuse du groupe Nanburn dans lequel officiait le bassiste de Touchstone.
Le début de l’album (la première moitié, en fait) est assez réjouissant : porté par une belle dynamique, variant les ambiances, Cairo s’appuie sur une rythmique soutenue par de discrètes touches electro et pioche chez Saga pour le punch ('Say'), s’appuie sur des sonorités orientalisantes ('Cairo'), varie les angles ('Nothing to Prove’ et sa 'Reprise’, excellents), plante de jolis solos de guitare et met en évidence sa section rythmique, dynamisée par la production nette de John Mitchell (celui d’Arena).
L’intensité baisse quelque peu au début de la seconde moitié de l’album, avec l’arrivée des morceaux plus lents, dans lesquels le groupe paraît moins à l’aise. Les thèmes sont beaucoup plus mainstream ('Katrina’, dispensable, 'Back From the Wilderness', sauvé par le solo de guitare final), la batterie est en surjeu (inutile sur 'Searching', par exemple) et mériterait souvent d’être plus discrète ('Back to the Wilderness'). Dès que l’intensité remonte d’un cran, Cairo nous délivre de bons moments de rock progressif, avec ce petit plus electro qui apporte une touche d’originalité : 'Dancing the Gossamer Thread' illustre parfaitement cette dualité, où les parties lentes du début paraissent bien fades en regard de la longue section médiane, dense, variée et passionnante.
Cette relative hétérogénéité amène un sentiment de frustration contrebalancé par la satisfaction apportée par les titres réussis. Cairo possède indéniablement un joli potentiel qui gagnera à s’ancrer davantage dans le progressif plutôt que de céder aux sirènes d’une relative facilité.