Après un album éponyme passé inaperçu dans nos contrées, Somewhere Into Nowhere ou Sin, c'est selon, récidive avec cet Equilibrium susceptible de nous offrir un petit retour vers la fin des 80's pas du tout désagréable.
C'est pendant cette période que le heavy rock américain atteignait son apogée avec quelques groupes incontournables. Y&T plutôt moribond, Queensrÿche, intouchable avec Opération Mindcrime et son énorme successeur Empire, Bon Jovi, jonglant avec les albums multi-platines et Whitesnake métamorphosé écrasant tout le monde avec son "1987" culte. C'est dans cette sphère d'influence qu'évolue Sin.
Distillant un savant mélange de métal bien appuyé et de mélodies facilement mémorisables, la recette AOR fonctionne joyeusement.... Tout sur cet album est bien réalisé.
D'abord le son, assez incisif pour donner du relief à des compositions conventionnelles, permet une mise en valeur des guitares et du chant, tous deux primordiaux dans ce genre de musique. Les choeurs, quasi-permanents, soulignent souvent les mélodies sans pour autant les étouffer. Les guitares s'en donnent à coeur joie, alternant riffs bien heavy pour les refrains et arpèges pour les couplets. Cette recette éculée fonctionne toujours aussi bien. Les solos enlevés et les tierces harmonieuses cultivent l'image du "bô guitar hero aux cheveux longs" adulé des midinettes (manque plus que les bandanas dans les cheveux). Pas d'extrême lourdeur ou de rapidité excessive, tout est dans le mid-tempo écrasant et efficace.
Bien sûr, les deux inévitables ballades, formatées pour réveiller votre libido, séduiront sans problème les concubines réfractaires sans sombrer dans le mélo.
Même si cet album joue sur la corde sensible du déjà-vu en vous replaçant d'emblée vingt ans en arrière, tout est réellement réussi et reste suffisamment crédible pour une sortie en 2005.
Malgré une méthode archi rebattue et sans apporter une once de nouveauté, Sin redore le blason d'un genre oublié, souvent injustement méprisé.
Si vous êtes insensible à ce style vous trouverez ma chronique par trop complaisante. Par contre, si vous êtes trop jeune pour avoir connu cette époque ou que vous gardiez un bon souvenir des groupes précités, jetez vous avec appétit sur cet Equilibrium.