Deux années se sont écoulées depuis le premier album éponyme de Cock Robin porté par ses trois tubes ayant eu un succès retentissant en Europe occidentale et dont le défaut résidait dans un déséquilibre entre les compositions. "After Here Through The Midland" est donc attendu au tournant afin d'atteindre une constance espérée. Or, autant le dire à titre liminaire, le constat sera le même. Pour ce second essai, exit Louis Molino III (batterie) et Clive Wright (guitare) dont le talent n'est absolument pas remis en cause. En fait, Cock Robin se recentre sur Peter Kingsbery et Anna LaCazio, porte-étendard de l'identité du groupe à l'image de la pochette où on retrouve le duo en plein désert.
Comme pour le précédent album, plusieurs titres émergent, ceux-ci étant placés de façon presque identique. Le premier d'entre eux, 'Just Around The Corner' aura le plus de retentissement sur les ondes de cette seconde partie des années 80. On retrouve d'emblée cette alchimie entre la voix grave de Peter Kingsbery contrebalancée par celle sensuelle d'Anna LaCazio. Les thèmes abordés sont toujours aussi profonds, tels l'abandon de soi et l'amour fou ('All The Biggest Fool Of All'), le féminin ('El Norte'), le paradoxe ('Coward's Courage') constituant ainsi les sommets de l'album. Mais qui dit sommet, dit aussi vallons et descentes. Les autres titres, certes agréables à l'écoute, n'atteignent malheureusement pas cette intensité qui colle si bien à Cock Robin, manquant de consistance et restent anecdotiques.
L'ambiance présente sur le précédent opus est prégnante. Ainsi l'auditeur est enveloppé dans une pop-rock raffinée et retrouve ses repères. Les synthétiseurs jouent un rôle prépondérant, comme souvent à cette époque, et le choix des sons est plutôt bien adapté. La rythmique généralement programmée souffre d'un manque de subtilité, la batterie étant souvent martiale et peu variée ('Precious Dream'). Les basses sont fréquemment mises en avant de façon un peu trop systématique et la guitare reste malheureusement discrète. Comme d'habitude, c'est dans le chant toujours aussi bien maîtrisé que l'on retrouve entière satisfaction, celui-ci n'étant jamais surjoué, toujours juste et d'une interprétation sans faille.
"After Here Through Midland" confirme le talent de composition et d'interprétation de Cock Robin, absolument remarquable pour l'époque. Cette pop-rock est d'une qualité indéniable mais reste toutefois encore trop déséquilibrée pour être passionnante sur la longueur. Le troisième album corrigera-t-il ce manque de consistance ?