Huit ans après leur premier album "The Fruit Fallen", les Américains d’Edensong nous reviennent avec son successeur, "Years In The Garden Of Years". Si le concept de "The Fruit Fallen" tournait autour de la création du monde, celui de "Years In The Garden Of Years" s’intéresse au temps, du moins pour sa partie centrale sous-titrée 'A Temporal Song Cycle' qui décline des titres 2 à 9 les différentes perceptions que l’on en a, les titres d’ouverture et de clôture étant, eux, indépendants.
Sur son site officiel, Edensong décrit sa musique comme faisant le grand écart entre Simon & Garfunkel et Cat Stevens d’une part, Metallica et Opeth d’autre part. Et de fait, la musique contenue dans cet album est assez hétérogène et difficilement catégorisable, se partageant entre du metal prog à la Angra, du prog avant-gardiste à la King Crimson et des passages très mélodieux et aériens plus proche de Pendragon ou de Isildurs Bane. Sans oublier l’impression récurrente d’écouter Jethro Tull, fortement due à la présence incontournable d’une flûte tantôt guerrière, tantôt légère, toujours inspirée. Un sacré mélange !
D’autant plus que cette impression bigarrée n’est pas causée par une alternance de titres plus ou moins agressifs, mais bien par un mélange des genres au cœur de chaque morceau, vous propulsant en un instant d’un riff tranchant de guitare aux volutes pastorales d’une flûte, du martèlement violent de la batterie à la délicatesse cristalline d’un xylophone, des accords syncopés de l’orgue aux délicats arpèges d’un piano.
‘Cold City’, ‘End Times In Retrospect’ et ‘In The Longest Of Days’ débutent l’album de la manière la plus dynamique qui soit. À la musique pulsative, fiévreuse, inquiète, sombre, sollicitant plus le cerveau que le cœur du premier succèdent le mélange de folk médiéval et de vivacité violente du second, chaotique et moyennement convaincant, et la ligne mélodique plus affirmée et séduisante du troisième, rappelant Angra ou Kamelot. Une impression que l’on retrouve sur le terminal et mélodieux ‘Yawn of a Blink’. Plus doux, l’inventif ‘The Hollowed’ recèle en son cœur un intermède piano/flûte/violoncelle/xylophone de toute beauté, ‘Chronos’ dominé par la flûte s’avère presque new age et ‘Regenerations’, l’un des meilleurs titres de l’album, dégage un parfum de Pendragon.
À force de multiplier les références, Edensong réussit à se construire une personnalité qui lui appartient. Toujours interprété avec conviction, il y en a pour tous les goûts dans ce " Years In The Garden Of Years" pour peu que l’auditeur ne se perde pas dans ce kaléidoscope auditif.