Après avoir enchaîné les participations à plusieurs groupes, dont le dernier, Cairo, a splitté en 1993, le guitariste Steve Newman se pose de nombreuses questions quant à son avenir dans le milieu artistique. Ceci ne l'empêche pas de composer et d'envisager une carrière en solo. Comme souvent dans le cadre de l'AOR et du hard mélodique, le Japon semble être la meilleure terre d'asile pour lancer ce projet. Cependant, le format d'artiste solo n'apparaît pas comme le meilleur. Il est donc décidé que le guitariste formera un groupe du nom de Newman. Après plusieurs échecs dans ses recherches d'un vocaliste, il finit également par assurer le chant de son premier album éponyme qui sortira en 1997.
Depuis, Newman a enchaîné huit albums studio, une compilation et un live, et s'est taillé une réputation à la hauteur de son talent. Bénéficiant désormais de moyens de production supplémentaires, Steve Newman a décidé de donner une nouvelle jeunesse à cette première œuvre en la réenregistrant dans son intégralité. Si à l'époque, il était accompagné de William Marshall à la basse et de Mark Mulholland à la batterie et aux claviers, c'est avec son inséparable compère, le batteur Rob McEwen qu'il s'est retrouvé en studio, s'occupant de tous les autres instruments et de la production, comme il a l'habitude de le faire depuis plusieurs années. À la question de l'intérêt de ce nouvel enregistrement, les réponses sont multiples. Tout d'abord, l'album d'origine étant désormais introuvable à un tarif raisonnable, il redevient accessible à tous ceux qui n'auraient découvert Newman que lors de ses derniers opus.
D'un point de vue plus artistique, cette version 2014 permet de montrer les dix titres d'origine avec une production plus récente dont ressortent essentiellement une puissance et une clarté bien supérieures à la version de 1997. Il reste néanmoins étonnant de constater à quel point l'identité du groupe était déjà forgée. A la frontière de l'AOR et du hard mélodique, privilégiant la mélodie et portée par la voix si particulière de Steve Newman, la plupart des titres bénéficie de refrains accrocheurs ('If It's Love', 'What Does It Take'). Aux classiques ballades (la très réussie 'Say You Believe' avec sa ligne de basse surprenante), mid-tempi énergiques ('Faith') et titres plus ambitieux ('Tears Are Not Enough' du haut de ses presque sept minutes), viennent s'ajouter quelques originalités. Premier titre composé par Steve Newman, 'A Million Men' bénéficie ainsi d'un riff flirtant avec la pop-folk, alors que 'Let Your Heart Rule' n'est pas sans rappeler le 'Living On A Prayer' de Bon Jovi. A signaler enfin les quatre titres bonus dont bénéficie cette nouvelle version : tous composés entre 1993 et 1994 mais restés au stade de démos, ils représentent la face la plus AOR de Newman et sont d'une qualité plus qu'intéressante, en particulier 'Backdoor Man' avec sa basse groovy. Peut-être auraient-ils mérité de remplacer quelques morceaux plus dispensables tels que 'That Kind Of Girl' ou 'I Know You'.
Les fans du groupe seront bien évidemment les principaux intéressés par cette version réenregistrée du premier album de la formation britannique. Il n'empêche qu'en remettant cet opus en valeur, Newman lui permet d'être découvert par un public plus large, ce qui n'est que justice tant le talent de son auteur mérite d'être reconnu à sa juste valeur. Les nouveaux adeptes du combo constateront qu'il méritait que l'on s'y intéresse dès le début de sa carrière. Quant aux autres, ils ne pourront qu'être satisfaits par la qualité de la nouvelle production dont bénéficient ces titres.