Peu d'informations circulent sur MoSKowa. A peine savons-nous qu'il s'agit d'un groupe francilien, réuni depuis 2016 autour de trois musiciens, le chanteur et bassiste Kylroys, la guitariste Stella et le batteur Manny. L'étiquette "death metal technique" collée sur la figure, ils viennent aujourd'hui à nous avec un galop d'essai baptisé "The Man Of The Three Island". Voilà donc pour les présentations de rigueur.
Il reste le principal, la musique. Morbid Angel et Gojira sont les influences avancées par cette jeune pousse qui cherche à explorer les conduits les plus labyrinthiques d'un metal de la mort plus rampant que rapide. Le visuel de ce premier effort suggère un contenu escarpé, une géographie compliquée battue par des vents furieux. Si la puissance fait quelque peu défaut à cet album, la faute à une prise de son étouffée dont la force bâillonnée l'enrobe pourtant d'une authenticité brute, les pièces qui le remplissent sont construites sur un maillage ultra serré, affichant une densité égale à celle du Japon.
De fait, en l'espace de trois à six minutes, jamais plus, les Français s'expriment avec volubilité. Il en résulte un menu extrêmement trapu, gonflé d'une sève prête à exploser en un magma visqueux qui creuse dans la terre de grumeleuses traînées. Là réside la singularité de MoSKowa qu'on attendait sur un terrain plus véloce et déchaîné (exception faite de certains passages, comme sur 'Beyond Pratzen') alors que, les pieds prisonniers d'une gangue de mazout, il s'enfonce dans un sol rocailleux aux confins du death doom.
Reptilien, "The Man Of The Three Island" semble tout du long assommé par une chape de plomb, ce qui n'empêche pas ses pesantes compositions d'être mitées par des breaks à foison en une stratigraphie alambiquée. Chaque titre a quelque chose de plaques tectoniques qui se chevauchent, palpitant d'une énergie souterraine, à l'image du percussif 'A New Era' que sillonnent de tortueuses galeries. Si le chant est perfectible, le substrat instrumental apporte à ces pistes tendues une assise solide et tentaculaire.
Rythmique métronomique, basse qui claque et six-cordes aux allures d'excavatrice ('Russia's Eyes') définissent une offrande à la fois virtuose et ambiancée. Bourré de (très) bonnes idées, l'opus n'en laisse pas moins un goût d'inachevé tant ses morceaux par leur durée très (trop ?) courtes, s'achevant qui plus est de façon généralement abrupte ('Battle In The Cold'), ont l'air d'ébauches, de brouillons dont on aurait souhaité qu'ils creusent avantage les belles pistes esquissées par un groupe au potentiel évident.
Reste donc un premier album franchement prometteur dans sa tentative de mélanger death metal technique et doom caverneux.