L'hiver revêt son manteau de glace, se coiffe de givre. La nature s'endort et rêve d'une renaissance éclatante. Le vent souffle alors que les flocons graciles virevoltent et épaississent le tapis duveteux. Sur ces territoires immaculés, les semelles crissent tandis que la peur rôde dans l'ombre.
L'hiver s’enracine, géniteur d'instants de fureur glacée, attisant la rage animale, engendrant des visions d'angoisse alors que sa voix résonne (Voice of Winter), retentit en un death sophistiqué. L'univers ivre de sang de "Childhood of Evil" est habillé d'un corset de cuir et de clous, habité de vermines putréfiées et souligné par les enluminures sophistiquées de digressions instrumentales nombreuses. La galette peut à la fois répandre la peur et libérer son énergie cinétique mais aussi charmer quand au fond de galeries obscures surnagent des passages aériens.
L'opus démarre en trombe avec 'View From Sedna'. Dès les premiers instants le groupe impose une personnalité unique : rythmes trépidants, cris infernaux, accélérations épileptiques, rythmes écrasants, mélodies qui luttent pour survivre dans cette bouillie sonore. Puis 'Ladies' lorgne vers un thrash death plus classique, alors que 'Liberticide', même s'il débute dans une veine similaire, se transforme rapidement en oraison mortuaire où le riff est écrasant et la voix granuleuse et malsaine. Ensuite 'Chrome' est comme une course folle, le fessier tanné vissé sur un bolide pétaradant.
Enfin 'Childhood of Evil' et 'Lord of Whores' initient une bascule vers des partitions plus élaborées : la basse prend plus d'ampleur, les rythmes s’enchaînent, s'épousent ou se croisent. Par moments, des passages introspectifs parsèment ces pistes, leur donnant un supplément d'humanité. C'est ce qui se passe quand le chant clair inonde les architectures sonores, puis s'en va rejoindre ou compléter les visions apocalyptiques de Supuration.
Sur des bases thrash/death et des contours progressifs, "Childhood of Evil" érige un cauchemar qui perce les tympans et abîme les cœurs. Les musiciens écrivent une partition élaborée qui mérite d'être étudiée avec soin. Alors même si par moments la production pêche par un manque d'envergure, l'opus nerveux offre un mille-feuilles de sensations, entre enfer glacial et purgatoire aride, à déguster sans modération.