Pour célébrer leur dixième anniversaire, les Italiens de Pandora nous offrent en cette fin d'année 2016 leur quatrième album composé d'une moitié de titres issus de leurs œuvres précédentes, rejoués-remixés-traduits en anglais, tandis que la deuxième partie se veut un vibrant hommage à leurs "idoles progressives", incluant cinq reprises très personnelles de titres emblématiques.
Nous l'avions souligné dans nos précédentes chroniques : Pandora est un groupe qui nous replonge tout droit dans l'univers magique du rock progressif des années 70, en y ajoutant quelques clins d'œil appuyés vers les débuts du néo-prog, et notamment Marillion période "Script …". Leur musique est truffée de trouvailles, donnant l'impression de partir dans tous les sens, mais reste toujours sous le contrôle de Beppe Colombo et de ses claviers omniprésents. Car si, compte-tenu de l'actualité et de son décès, c'est à Greg Lake que Pandora rend hommage au travers d'une reprise plutôt convenue de 'Lucky Man' (ELP), c'est bien du côté de Keith Emerson qu'il faut chercher les comparaisons avec les extravagances et les fulgurances délivrées par le maître de cérémonie, usant d'une panoplie étendue de sonorités dont 'Always and Everywhere' donne un excellent aperçu.
Mais les claviers ne sont pas les seuls composants d'une musique passant sans vergogne d'un extrême à l'autre, comme 'The Way you Are' le prouve tout au long de ses sept minutes où se côtoient chanson intimiste, passages de space-prog et guitares en furie dans des passages métalliques, le tout porté par un batteur qui en fait (parfois) des tonnes. Et si tout cela ne suffisait pas, 'Drunken Poet's Drama' nous envoie de son côté vers un progressif symphonique du plus bel effet, violon plaintif en prime ! Seule petite faiblesse à l'ensemble, un chant certes peu présent mais pour lequel le timbre des acteurs masculins n'est pas du meilleur effet.
L'exercice des reprises, de surcroît lorsqu'il s'agit de "tubes" connus de tous, s'avère généralement un exercice plutôt périlleux, tant la comparaison avec les œuvres originales peut être cruelle. Pour éviter cet écueil, si l'on excepte le 'Man of Thousand Faces' de Marillion plutôt fidèle et du coup quelconque, Pandora a fait le pari de l'originalité.
C'est ainsi que 'Second Home by the Sea' (Genesis), intègre en son milieu un medley des instrumentaux genesiens ('The Brazilian', 'Los Endos') plutôt bien vu. Malheureusement, sur de tels morceaux de bravoure, il est difficile pour un batteur aussi doué soit-il de tenir la comparaison avec Phil Collins et l'ensemble se révèle au final un peu lourdingue. Finalement, la bonne surprise vient de 'Ritual' (Yes), au sein duquel nos Italiens ont quelque peu déstructuré les parties instrumentales, donnant une touche originale à un titre pourtant là encore ultra connu de tous.
Disque pour lequel le groupe a cherché avant tout à se faire plaisir, "Ten Years Like in a Magic Dream" constitue au final une bonne porte d'entrée dans l'univers de Pandora, idéale pour partir ensuite à la découverte des précédents albums d'un groupe sachant être original tout en restant dans l'esprit des anciens, ce qui n'est pas forcément donné à tout le monde.