Le groupe nîmois Bikinis & Ice Cream nous présente son tout premier album totalement autoproduit "Never Too Late", sorti en février 2015. Les Sudistes au nom exotique nous entraînent dans une ambiance skate-rock californienne fort énergique développée tout au long de douze titres, avec un évident plaisir à jouer et à enregistrer, prouvant qu’il n’est "jamais trop tard" pour faire ce que l’on aime.
Cet album se présente comme un opus très rock américanisé, évoquant très rapidement des influences de Blink-182 ou encore Rage Against the Machine. Le groupe nous ramène à l’époque dorée du skate-punk californien des eighties, comme en témoigne le titre ‘Goodnight and Go’ (qu’il serait facile de confondre avec un titre de Green Day), démontrant un potentiel certain appuyé par des riffs efficaces, un style punk aux tonalités pop affirmées et un duo vocal réussi. Du très bon opener 'Make No Sense’ au final ‘See You Smile’ - un titre typé rock bien à sa place dans une ambiance barbecue/plage à la nuit tombée -, Bikinis & Ice Cream montre une vraie envie, même s’il manque encore ce petit plus qui pourrait le faire exploser.
Par ailleurs, comment s’empêcher de pointer du doigt un défaut récurrent dans le rock hexagonal : pourquoi un groupe français ne chante-t-il pas en français ? Quasiment TOUS les groupes français ayant réussi à se faire une place dans le monde du rock chantent en français : Noir Désir, Matthieu Chédid ou Tarmac, plus récemment Eiffel, Second Sex ou La Femme, qui savent teinter en temps souhaité certaines de leurs chansons de langue shakespearienne. Mais la french touch, tout le monde en raffole. Alors pourquoi ne pas surfer sur cette vague quand – il ne faut pas se leurrer – la scène rock française est en grande difficulté depuis maintenant une bonne décennie ? Comme le rappelait justement Philippe Manœuvre dans une interview, le rock français est plus "créatif, intello, subtil, ironique, [ce qui est] normal avec des papas spirituels comme par exemple Serge Gainsbourg".
Il y a certes une multitude de groupes français qui chantent uniquement en anglais (Phoenix, Jain, Skip the Use ou Cocoon) … avec réussite, il faut le reconnaître. Il est cependant permis de regretter que les Nîmois, comme beaucoup d’autres, ne s’expriment pas dans leur langue natale et perdent ce de fait en identité.
Mais pour un premier album, ce "Never Too Late" apparaît comme un opus stimulant, probablement valorisé en live, et qui mérite d’être encouragé.