Le quatrième album des Américains, "The Madness Of Many", marque une évolution importante d'Animals As Leaders en tant que groupe. En effet le trio a cette fois-ci décidé de s’autoproduire, et le résultat s’entend dans le mastering et le juste équilibre entre tous les instruments. Si bien que le surdoué Tosin Abasi et sa guitare lead laissent toute la place à Javier Reyes pour exprimer son impressionnant travail guitaristique sur les rythmiques et les basses et au batteur Matt Garstka pour repousser les limites du rythme.

Certes, comme pour tout groupe de djent, la polyrythmie est la marque de fabrique de Animals As Leaders. Mais sur "The Madness Of Many", les musiciens explorent avec subtilité des syncopes inconnues du commun des mortels musiciens. Omniprésents, hypnotisants, obsédants, les breaks et les ruptures s’enchaînent sur chaque morceau avec une fluidité déconcertante, comme une multitude de fractales auditives donnant de l’harmonie au chaos.

Souvent comparé à Steve Vai, Tosin Abassi, quant à lui, ne renie en rien l’influence du maître (‘Ectogenesis’, ‘Inner Assassins’) et alterne les thèmes instrumentaux aériens (‘Arithmophobia’) et d’impressionnants solos shred (‘Transcentience’). Cependant son jeu accorde une place de plus en plus importante à ses influences jazz au détriment du metal, rappelant parfois Allan Holdsworth (‘Private Visions Of The World’, ‘The Glass Bridge’) ou Pat Metheny (‘The Brain Dance’). Peu de  compositions (‘Backpfeifengesicht’, Transcentience’) utilisent des riffs de guitare saturée et dans l’ensemble, l’album est un opus moderne de jazz rock djent instrumental.