Après un premier album publié en 2013, que pour ma part je n'avais pas du tout apprécié en raison d'un propos beaucoup trop centré sur la technique des musiciens au détriment des aspects mélodiques et émotionnels, Maschine nous revient trois ans plus tard avec sa nouvelle livraison, comportant six titres pour une cinquantaine de minutes au compteur.
Pour rappel, Maschine est le groupe formé à l'origine par Luke Machin, guitariste de The Tangent, et Dan Mashal. Et pour cette deuxième livraison les deux compères ont renouvelé une bonne partie de leur personnel, avec un nouveau batteur (James Stewart) et l'arrivée d'une claviériste belge, Marie-Eve de Gaultier, cette dernière assurant également une partie importante de chant, tant dans les chœurs qu'en voix principale.
Avec 'Resistance', judicieusement placé en entame de "Naturalis", Maschine va tout de suite envoyer un signal fort, très fort, tant le changement de dimension s'avère patent. En près de 12 minutes, le groupe va égrener tout ce qui fait la force d'un excellent titre de rock progressif : après une superbe entame instrumentale déroulée par une guitare tranchante sur fond de claviers planants, une ambiance quelque peu inquiétante sert de support à des vocaux dignes du meilleur Spock's Beard. La basse tricote de son côté une partition effrénée, superbement placée au sein d'une production impeccable. Une large place est laissée aux parties instrumentales, permettant au groupe d'aborder différentes facettes de son art : progressif 70's avec quelques accents genesiens, metal, jazz prog. Que demander de plus ?
La suite va permettre au groupe de continuer sur sa lancée, mélangeant rythmiques complexes et passages instrumentaux variés ('Night and Day'), avec des parties plus abordables, notamment lorsque le chant est assuré par Marie-Eve Gauthier (la superbe ballade 'Make Believe' par exemple).
Les amateurs de mélanges en tous genres trouveront bien évidemment leur bonheur tout au long de ces 50 minutes de progressif on ne peut plus variées, le meilleur exemple étant 'A New Reality' passant sans vergogne d'une chanson semi-acoustique à du jazz prog montant progressivement en température, augurant très certainement d'improvisations débridées lors de futurs passages sur scène.
Bien moins présentes que sur le premier album, les saillies métalliques menées par la guitare de Luke Maschin s'intègrent judicieusement au sein des autres aspects, 'Megacyma' en étant la parfaite démonstration, venant conclure en beauté et par la force de splendides chorus cette deuxième production d'un groupe confirmant à l'occasion tout son potentiel.
Plus proche désormais de Spock's Beard ou Nemo que des références métalliques comme Pain of Salvation ou Dream Theater, Maschine est à placer du côté des groupes qui assument sans complexe l'héritage du rock progressif des années 70, tout en y ajoutant une grosse touche de modernité. De quoi ratisser large, pour notre plus grand plaisir.