Nous avions laissé Green Day en 2012 dans un bien étrange état. Le groupe avait sorti trois albums studio en moins de quatre mois proposant pas moins de 70 morceaux (très inégaux) et avait du annuler sa tournée pour finir en cure de désintoxication. En 2016, la donne a changé, et Green Day, qui semble avoir rechargé ses accus, est revenu à un format plus rationnel et plus abordable. En effet, s'ils ne nous proposent "que" 12 titres, ils ont eu le bon goût de les sélectionner pour ne conserver que le meilleurs de ce qu’ils sont à même de nous offrir.
De fait, on ne retrouve ici que l’esprit des meilleurs moments de la trilogie "!Uno !", "!Dos !", "!Tres !". A savoir un rock très énergique et frais, qui s’est considérablement affranchi de ses origines punk californien, pour n’en garder que le côté primesautier. Et qui, au surplus, s’est enrichi au fil du temps d’une sensibilité pop comme en témoignent 'Outlaws' et 'Youngblood'.
Alors certes, à l'image de ce dernier, il s’agit d’une pop plus qu’énergique et rythmée, mais les mélodies sont bien présentes. Ainsi qu’une réelle sensibilité qui nous confirme que Green Day est entré, depuis bien longtemps déjà, dans sa période de maturité musicale (pas certain que l'on puisse en dire autant des textes qui semblent bien décousus et hâtifs). Plus sobre, peut-être un peu moins "immédiat" que par le passé, le groupe est surtout plus consistant, et plus varié, qu’à ses débuts. Cela se ressent à l’écoute du dépouillé 'Ordinary World', du faussement nonchalant 'Troubled Times', du dynamique 'Forever Now', ou du non moins énergique 'Revolution Radio' qui fait par moments penser à Bang Tango. Autant de titres plaisants, bien qu'assez différents les uns des autres.
Cette évolution, pourra être assimilée par certains comme une perte d’identité de ces (ex) sales garnements. Comme une sorte de normalisation tendant à les faire adopter en lorgnant vers une pop rock plus standardisée. Et à ce titre, le chant très posé et tempéré de Billie Joe Amstrong autant que les chœurs plus sobres que par le passé peuvent renforcer ce sentiment. Mais ce serait faire fi de l'écoulement du temps et de l’évolution normale d’un groupe dont les membres sont désormais trois fois plus âgés que lors de leurs débuts discographiques. Et il convient plutôt de saluer la sortie de cet album sérieux de bout en bout, et qui nous donne à écouter un groupe parvenant avec habilité à fusionner son énergie et sa fougue initiale avec une maîtrise musicale indéniable. "Revolution Radio" est donc un très bon album qui, s’il ne brille pas forcément pas son originalité, se montre efficace et bien agréable.