Déroutante et intéressante sont les premiers qualificatifs qui viennent à l’esprit pour définir la musique de Gone Is Gone. Car si tous les titres ont pour points communs une ambiance sombre et froide et des rythmiques hypnotiques, les compositions sont suffisamment variées pour maintenir l’attention de l’auditeur en éveil. Cet éclectisme se nourrit d’influences nombreuses et variées. Ainsi les titres post punk aux guitares déstructurées et psychédéliques inspirées de Bauhaus (‘Sentient’, ‘Resurge’) côtoient des morceaux trip hop atmosphériques et expérimentaux (‘Dublin’, ‘Roads’) influencés par Massive Attack. De même les riffs de guitare distordus sont utilisés pour créer des ambiances très différentes, tantôt proches du sludge de Mastodon (‘Pawns’), tantôt du shoegaze de My Bloody Valentine (‘Gift’), et flirtent parfois avec le metal industriel cher à Nine Inch Nails (‘Ornament’).

Le travail d’expérimentation du groupe est mis en valeur par la voix grave et obsédante de Troy Sanders et par le travail sur les sonorités de guitare de Troy Van Leeuwen qui multiplie les effets de modulation et les accordages graves, quitte à parfois abuser de l’octaver. La section rythmique est quant à elle irréprochable et trouve son point d’orgue avec les titres ‘Slow Awakening’ et ‘Fast Awakening’ construits sur des riffs identiques à des tempos différents.

Mais plus encore que la technique irréprochable des musiciens, c’est bien l’aspect cinématographique des constructions sonores qui domine "Echolocation" et en fait son originalité. Tout l’album semble ainsi avoir été conçu d’abord autour d’idées visuelles, ce qui donne une dimension supplémentaire et une esthétique particulière à la musique du combo. Le titre ‘Echolocation’ avec ses claviers orientaux semble d’ailleurs avoir été composé comme la bande originale d’un film.