Un quintet de néo-prog anglais fondé par un clavériste et un batteur, ça ne vous rappelle rien ? Celui dont il est question ici n’est pas Arena - trop facile - mais NTH Ascension, initié en 2009 par Craig Walker (les fûts) et Darrel Treece-Birch (les touches noires et blanches), d’abord sous le nom de Nth Degree, et qui a fait paraître une démo (de plus de 56 minutes tout de même) en 2011, puis un album (plus long d’une minute), "Ascension of Kings", en 2014. "In Fine Initium" ("le début de la fin" en français) poursuit dans la même voie que précédemment, un progressif épique largement teinté de néo.
Avec ses trois titres de plus de dix minutes et ses claviers largement mis en avant, NTH Ascension indique clairement la couleur : les morceaux seront amples, tenus par des nappes symphoniques puissantes et délivreront leur lot de soli à rallonge. Pas de grande surprise donc à attendre dans un genre le plus souvent hyper-balisé, le soin mélodique promettant une accroche aisée et une adhésion facile sinon enthousiaste.
Pour pimenter la recette d’un zeste d’originalité, la plupart des groupes œuvrant dans le style ont choisi de doper la rythmique. NTHA ne fait pas exception à la règle, mais plutôt que de tendre vers un côté metal soft, à la manière d’un Knight Area, ou même d’un Pendragon dernière manière, en donnant une attaque plus agressive sur les guitares d’accompagnement, il choisit de renforcer le propos en portant ces guitares vers l’avant et en densifiant leur présence, ce qui ne rend pas l’écoute du morceau plus aisée : la production est ainsi moins nette et du coup sonne plus ancienne, noyant les lignes dans un son assez continu, ce qui n’est pas forcément désagréable, mais paraît plus confus. Cette rythmique dynamique, mais ni metal ni précise, souvent soutenue par des accords d’orgue, rend difficile l’installation d’une ambiance originale.
Les claviers sont très vintage, à l’image des sons analogiques en solo dans 'Kingdom Keys'. L’opposition entre vintage et dynamique rythmique est une caractéristique de NTHA, avec le timbre du chanteur Alan “Spud” Taylor qui vocalise dans un registre assez théâtral avec une voix sub-lyrique, qui apporte certes une signature, avec un phrasé qui rappelle fortement le Marillion de la première époque, ou les tout débuts d’Arena, mais qui manque souvent de justesse, des imprécisions qui peuvent dans ce style amener quelques sourires ('In Search Of The Rider'). Faute d’une originalité palpable, les morceaux se suivent sans éveiller l’attention de l’auditeur et paraissent souvent inutilement longs (un reproche récurrent adressé au néo-prog'), à l’image de l’instrumental 'Forever', dont l’ambiance proche de Pendragon mais monocorde peine à remplir les 7 minutes.
Il apparaît que NTHA n’a pas trouvé le bon moyen pour s’extraire d’influences des groupes qui comme Marillion, Arena ou Pendragon ont marqué le style et ont su le faire évoluer à leur sauce. Il rejoint ainsi les Martigan ou Konchordat, autres groupes qui font du neo progressif sans le revisiter. Il n’est pas du tout certain que cela soit suffisant pour attirer les auditeurs vers ce style qui est souvent critiqué par ses détracteurs pour son manque de renouvellement…