En formant le groupe Oni en 2014, le chanteur Jack Oni avait comme ambition de surprendre. Par son nom tout d’abord, puisqu'un oni est un personnage malveillant de la légende japonaise populaire qui se trouve représenté sur l’impressionnant artwork de ce premier album "Ironshore". Étonnant aussi en ce qui concerne la présence au sein de la formation d’un xylo-synthé joué par un certain John D. Atypique enfin en ce qui concerne la musique pratiquée par la formation canadienne.
En se plaçant dans un créneau pas encore embouteillé, à la croisée du metalcore, du death et du metal progressif aux côtés de groupes solides comme Between The Buried And Me, Lamb Of God ou Protest The Hero, Oni s’assure une audibilité. Une des principales compétences requises pour officier dans ces styles, à savoir la virtuosité technique, est parfaitement maîtrisée par chacun des musiciens du groupe, notamment l'impressionnante section rythmique. C’est par ce biais que les impressions initiales à l’écoute de "Ironshore" se construisent, avec notamment les rapides 'Barn Burner', 'Thrive' et 'Coast To Coast' qui déversent leur pure puissance rageuse. Dans un genre identique 'The Only Cure' et 'Spawn And Feed' sont des uppercuts de death technique sans compromis qui ne s'encombrent même plus du chant clair.
Apparaissent ensuite, plus timidement car un peu trop étouffés par cette technicité justement, les apports harmoniques de l’album. 'Chasing Ecstasy' et 'Eternal Recurrence' sont bienvenus avec leurs efforts mélodiques appuyés par une place plus importante donnée au chant clair qui atténue la fièvre de ce frénétique "Ironshore". Oni condense tout son art dans un long et schizophrène 'The Science' qui joue plus sensiblement sur les nuances et les reliefs par l’intermédiaire d'une débauche de cassures et virages thématiques ainsi que de séquences originales comme le passage jazz-soul à mi-morceau. L'ensemble du titre reste plutôt digeste malgré la radicalité du metal pratiqué ici et Oni affiche quelques capacités dans la maîtrise de ce format exigeant qui lui donne sa tonalité progressive. On reste un peu plus circonspect sur certains détails dont ce xylo-synthé qui sort des sons et autres bruitages un peu douteux, rappelant plus les musiques des jeux vidéos des années 90, ou certaines dissonances maladroites (le bizarre 'Kansas').
La musique d'Oni, tranchante et ultra-technique, procurera la dose d'énergie que les amateurs recherchent dans le metal extrême et virtuose. Son ouverture à une démarche parfois plus progressive pourra intéresser d'autres cibles mais il faudra avoir l'estomac bien solide pour affronter les cinquante minutes de ce "Ironshore" diabolique.