C’est après un "Carnivora " salué par la critique comme un album très abouti et divers EP que les Français de 7 weeks, fer de lance hexagonal du style stoner (et au-delà), ayant notamment partagé la scène avec plusieurs grands noms du genre comme Lofofora, Mass Hysteria ou Suicidal Tendencies, livrent en cette fin d’année une nouvelle offrande "Farewell To Dawn".
Le très bel artwork blanc maculé d’une tache, rappelant un test de Rorschach, dans laquelle l’image d’un crâne de cerf est incrustée, illustre le fait que l'auditeur, quasi schizophrénique, passera par plusieurs interprétations du propos musical livré par le combo qui ne se cantonne pas à un style unique mais au contraire va jusqu’aux frontières du rock, du grunge, du blues voire dans une moindre mesure du prog.
Dès l’entame de 'King In The Mud', les codes sont pourtant présents avec une guitare saturée et hypnotique pour se mouvoir ensuite vers une atmosphère plus coulée au moment du refrain dévastateur. "Farewell To Dawn" se résume en un foisonnement d’idées mélodiques imparables qui, malgré la direction multiple recherchée, tissent un fil d'Ariane rendant l'album d'une cohérence et d'une musicalité édifiantes. Chaque titre dispose de sa personnalité et contient autant de qualités qui capteront l'attention comme les chorus vocaux aériens sur le titre 'Ghost Beside Me', les mélodies très 70’s pouvant rappeler le travail effectué par Nuno Bettencourt dans ses projets "Population 1" ou Mourning Widows dans les titres 'Kamikazes' et 'A Well Kept Secret', ou bien le poisseux 'January'.
Les guitares acérées décrochent d'efficaces riffs rythmiques assassins et délivrent des soli solides, savamment distillés et sans fioritures participant grandement à la qualité de l'album. La voix de Julien Bernard est puissante, chaude et d'une tessiture unique collant parfaitement aux styles développés. Le tout est soutenu par une section rythmique subtilement mixée rendant un équilibre bienvenu.
L'album ne s’enferme pas dans un carcan et fait preuve, au contraire, d'une grande ouverture d'esprit faisant de 7 weeks un groupe unique dans le paysage musical metal français. D'une approche presque prog dans son agencement avec les deux morceaux instrumentaux transitoires ('Okha' et 'Farewell To Dawn' au thème martial), l'album revêt un esprit libre et nuancé qui nécessitera plusieurs écoutes pour livrer toute sa richesse qui va bien au- delà du stoner. Un album indispensable de cette fin d'année, bien trop rare dans nos contrées pour ne pas être souligné.