Inspiré par le mythe biblique et surtout la pièce de Lord Byron relatant l'épopée de Caïn face à ses parents, à Abel, à Dieu, à l'Enfer et au Paradis, Gabriele Bernasconi voit grand pour son nouveau projet intitulé ART-X. Entouré de nombreux vocalistes et de musiciens chevronnés, il a composé un concept album résolument metal. Chanteur de Mirrormaze et de TimeDust, l'Italien essaye d'enfoncer de grandes portes sans complexe et avec de nombreux atouts.
Accompagné notamment par Luca Princiotta (Doro) à la guitare et Oliver Palotai (Kamelot) aux claviers, Bernasconi a surtout su convaincre une belle brochette de chanteurs. Ainsi on retrouve Blaze Bayley dans le rôle du père (Adam), Roberto Tiranti (Labyrinth) dans celui du frère Abel, André Matos, comme ange de Dieu, Amanda Sommerville (Avantasia, Epica) joue Lilith première épouse insoumise d'Adam ou encore Zachary Stevens (Savatage, Circle II Circle) interprète le gardien du Paradis pour les plus connus, le créateur interprétant quant à lui Caïn. Ce personnel éminent évolue dans un metal mélodique et progressif qui dans ses passages calmes adopte d'agréables accents celtiques.
Le scénario est connu et permet une narration et des interprétations riches et variées. Le risque encouru concernant le trop plein de chant n'est pas tout à fait écarté. La musique a inévitablement dû s'adapter aux besoins des textes, ce qui nuit un peu à la cohésion et à la respiration de l'ensemble, donnant une vague impression de copier/coller dépourvue de naturel et de sensibilité. Pour autant, les parties instrumentales sont loin d'être absentes et sont plutôt réussies mais c'est de fluidité que manque un peu l'album.
Il convient toutefois d'insister sur ses nombreux attraits. Les vocalistes semblent tous jouer leur partition avec conviction et enthousiasme. Blaze Bayley est plutôt convaincant dans le rôle du père tout comme certaines parties intéressantes d'Andre Matos. Tim Aymar (Controle Denied, Pharaoh) campe un Lucifer rageur qui rappelle Jon Oliva. Musicalement, on peut facilement se laisser entraîner par les passages les plus acoustiques ou les plus orchestraux. Lorsque le ton monte, la magie n'opère pas toujours. Il y a bien des riffs puissants et entraînants, mais c'est précisément là que les lacunes de construction sont les plus flagrantes. Par ailleurs, cet album manque globalement de passages accrocheurs malgré des tentatives dans 'Knowledge & Death' ou 'The Second Sacrifice'. 'Eden, Finally...' clôt l'album sur une note positive puisqu'on assiste à une fin heureuse pour Caïn. Mais ces dix dernières minutes laissent le goût d'inachevé d'un album qui ne décolle jamais vraiment malgré de bonnes intentions.
On ressort mitigé de l'écoute de cette saga biblique. Tous les éléments semblent réunis pour casser la baraque : des chanteurs de qualité, un scénario plein de rebondissements et riche de personnages hauts en couleur, des musiciens qui ont fait leurs preuves. On y trouve aussi de bons moments, des changements d'ambiance, des rythmes variés, mais la magie n'opère pas. Il manque un grain de créativité, une cohérence en termes de composition. Demeure le sentiment que la marche était trop haute pour Gabriele Bernasconi ou bien qu'il ne s'est pas suffisamment bien entouré pour mener à bien un tel projet. Si ART-X a un avenir, espérons qu'il sera de meilleure qualité.