Son patronyme un brin ridicule et sa pochette un peu kitsch ne doivent ni vous effrayer ni vous faire fuir au moment de découvrir - peut-être - ce "Fenix" dont le nom suggère bien entendu le retour de ses créateurs après onze ans d'absence.
S'il serait exagéré de prétendre que ceux-ci nous ont manqué, a fortiori quand on n'a encore jamais eu la chance de poser ne serait-ce qu'une oreille sur leur gothic metal avec des seins (quoi d'autre ?), ne boudons cependant pas notre plaisir face à ce nouveau signe de vie, envoyé par un groupe au savoir-faire certain quoique sans surprise. Né à la fin des années 80 et auteur en 1998 d'un premier album, "Labirynt zdarzeń", grâce auquel il peut être considéré comme un vétéran du genre, Batalion d'Amour ne saurait donc être confondu avec une bande d'ados pré-pubères qui viennent tout juste de perdre leur pucelage métallique, pouvant au contraire se vanter d'avoir été là avant (presque) tout le monde.
Cela suffit-il à faire de ce sixième album un incontournable ? Sans doute que non mais au moins, l'expérience de ses musiciens est-elle l'assurance d'une œuvre agréable à défaut d'être révolutionnaire ce qui, de toute évidence, n'est pas son propos. Quand bien même les Polonais pèchent pas excès, à trop vouloir remplir leur galette, (trop) longue de 77 minutes (!), désireux peut-être de rattraper le temps perdu, le charme et - accessoirement - la voix de Karolina, dont il s'agit de la seconde offrande avec eux après "Niya" en 2005, suffisent à maintenir l'intérêt au garde-à-vous.
Les morceaux s'enchaînent, quinze au total en comptant les quatre différentes versions de 'Charlotte' qui bouclent le menu mais ne s'imposaient pas vraiment, sans que l'ennui ne vienne à aucun moment gâter une écoute sans temps mort, quoique les meilleurs titres du lot se serrent dans la première partie et que l'ensemble se révèle vierge d'une véritable magie, de cette passion qui distinguera toujours l'exceptionnel du tout-venant, seconde catégorie dans laquelle "Fenix" se doit malheureusement d'être rangé.
Ceci étant, ne boudons pas notre (petit) plaisir face à ces chansons colorées d'arrangements soyeux, tour à tour hypnotiques ('Zawróceni'), tavelées de kystes electro ('Między słowami'), souvent envoûtantes ('Charlotte') et toujours survolées par le chant de sirène de Karolina, qui parfois s'accouple avec un organe masculin ('Moje Remedium') pour un résultat toutefois moins ensorcelant.
Vous l'aurez donc compris, les Polonais nous reviennent avec un opus de bonne tenue dont on peut cependant douter qu'il finisse très vite autre part que sur une étagère, coincé entre beaucoup d'autres rondelles du même genre...