Avec "Emergent", le binôme Colin Edwin - Jon Durant nous livre leur troisième album, présenté comme "un mélange unique de musiques progressives tendance fusion ethno-atmosphérique". Une description qui pourrait attirer une certaine méfiance, surtout s'agissant d'un opus entièrement instrumental.
Pourtant, le premier contact rassure : la production est impeccable - Jon Durant a longuement officié comme producteur pour Alchemy Records -, le propos mélodique est accessible (mais parfois un peu dilué), les ambiances oscillent entre un ambient souvent tourné vers l'oriental et un côté planant soigneusement entretenu par la guitare et quelques nappes de synthé, avec quelques touches d'électro. Les musiciens sont fort à leur affaire, avec notamment une section rythmique inventive - rien d'étonnant quand on se rappelle que Colin Edwin a été le bassiste attitré de Porcupine Tree : l'association basse-batterie sait souvent trouver les mots justes ('Emergent', qui passe sans encombre malgré ses 9 minutes tenues sur le même rythme).
Seulement voilà : en versant dans l'atmosphérique et l'instrumental, deux genres à risque que les détracteurs traitent rapidement de monotones, Burnt Belief use rapidement ses cartouches. Les thèmes mélodiques sont présentés en phrases courtes, peu évolutives ('More Snow', malgré la flûte), parfois placés sur un ostinato qui tourne vite au répétitif : 'Turning Torso', avec ce procédé, donne rapidement l'impression que les musiciens, partis sur leur lancée, pourraient tenir une heure sans se fatiguer. Les morceaux passent donc, tandis que l'attention de l'auditeur se relâche sans jamais être réveillée : 'Ghost Aquatic' est trop simple, quant à 'Until The Stars Go Out', il ressemble à une longue intro atmosphérique débarrassée de tout motif mélodique.
Tout cela est au mieux agréable, mais pas passionnant. Avec un pareil pedigree, l'auditeur est en droit d'attendre mieux de cet album dont n'émerge... que l'ennui !