Girl Power. Les deux femelles, la blonde Lindsey Troy (chant et guitare) et la brune Julie Edwards (le reste), sont (enfin) de retour après un "Sistrionix" qui en 2013 les a propulsées sur le devant de la scène, faisant d'elles un des groupes les plus prometteurs et excitants d'une mouvance garage rock à la mode, qui sent l'huile de vidange et le blues.
Un deuxième album constitue toujours une étape délicate à gérer, a fortiori lorsque son prédécesseur a cartonné. Il ne faut ni décevoir ni se répéter tout en affirmant une personnalité encore en gestation. En cela, "Femejism" se révèle être une exemplaire réussite en ce sens où il séduira les amoureux du duo californien qui aimeront retrouver dans cet opus plein de fraîcheur ce qui fit leur bonheur il y a déjà trois ans, à savoir ces courbes énergiques chauffées au soleil et cette gratte à la fois féline et nerveuse, sans pour autant se contenter de reproduire une formule à succès.
Ces années passées sur la route ont été profitables aux demoiselles, lesquelles ont eu tout le loisir de peaufiner leur signature. Du coup, il en résulte une rondelle qui noue des liens naturels avec sa devancière mais qui sait être subtilement différente. Ce format chant/guitare/batterie commande une expression extrêmement dépouillée, presque primitive, laquelle ne s'encombre d'aucune fioriture. Est-ce à dire pour autant que Deap Vally ne cherche pas à se casser la tête, appuyant tout du long sur le champignon ?
Bien au contraire car les jeunes femmes savent varier les positions, tour à tour survoltées ('Julian'), nostalgiques des années 80 ('Gonnawanna') ou plus rampantes telles une panthère à l'affût ('Turn It Off'), quoique toujours humides d'une sensualité sauvage. Dans cet équilibre entre frénésie Lo-fi et feeling psyché réside la grande force - et une bonne part du charme - de cette partition gourmande, biberonnée au desert rock terreux voire au stoner le plus pulsatif ('Post Punk'), sur laquelle plane parfois l'ombre des Eagles Of Death Metal ('Two Seat Bike'). Reste que, grâce à la voix habitée et aux riffs aussi épais qu'ondulants de Lindsey Troy, il y a cette espèce de suavité qui poisse l'ensemble, permettant à nos pussy riots de s'extraire de la masse et de souligner leur différence.
Brochette de treize brûlots incandescents, "Femejism" a quelque chose d'un concentré de pulpe sexy et rageuse que l'on tète avec un plaisir communicatif.