Pourquoi évoquer "Oweynagat", premier souffle de vie de Dool dont la très (trop) courte durée – moins d'un quart d'heure au garrot – et le fait qu'il ne soit constitué que d'un seul vrai titre, puisque que le second n'est en réalité qu'une version semi-acoustique du premier, suffiraient presque à justifier que l'on ne s'attarde pas sur son sujet ? Pour plusieurs raisons finalement.
Pour son line-up déjà, qu'anime l'ancienne section rythmique du défunt et parti prématurément The Devil's Blood, Job van de Zande à la basse et Micha Haring derrière les fûts, soutenue par une paire de guitaristes dont Nick Polak (Gold) et une chanteuse pétillante, Ryanne van Dorst (Elle Bandita), atout de charme et de choc auquel nous sommes nécessairement toujours un peu sensibles. Pour Prophecy Productions, label à l'identité affirmée dont toutes les offrandes se révèlent aussi originales que précieuses (ceci expliquant sans doute cela). Enfin et surtout pour son contenu certes petit par la taille mais grand par son potentiel qu'on devine encore à peine défloré, entre doom (un peu), psyché (aussi) et post punk (beaucoup). Le groupe cite comme influences Sonic Youth ou Sisters Of Mercy. À raison.
Du haut de ses quasi sept minutes au compteur, 'Oweynagat' trempe son pinceau dans les couleurs désenchantées qui lui servent à peindre un tableau aux multiples plans. De fait, si le chant féminin forme une première couche, la plus évidente, la plus ensorcelante aussi, derrière ce fragile paravent prolifère un canevas instrumental qui peu à peu s'élève lors d'une seconde partie que tissent guitares aux lignes obsédantes et percussions métronomiques tandis que la voix féminine, de mélopées spectrales se meut en lointains cris possédés avant de disparaître, laissant la six-cordes orchestrer une conclusion d'une déchirante beauté. Plus fantomatique et squelettique, 'Inside The Cave Of The Cat' est calqué sur son devancier dont il offre une relecture vierge de toute présence électrique et en mode mineur.
Bien entendu, la découverte de cette carte de visite se solde par un goût de trop peu mais celle-ci doit être prise pour ce qu'elle est, la mise en bouche d'un véritable premier album annoncé pour le début de l'année prochaine.