Cela fait de ce "The Taste of Shadow" une œuvre tourmentée, peu évidente d’accès avec des moments de folie pure à peine atténués par des moments de grâce atmosphérique en voix claire. On pénètre cet univers sombre sans méfiance ni avertissement dès le premier titre, ‘Show Is Over’. Les chants clairs et hurlés se croisent, s’enchaînent, se défient, face à eux la musique se fait très technique, les riffs alternent death old school et moderne avec une aisance incroyable. Le résultat est brillant, il faut certes se laisser apprivoiser mais cela en mérite la peine. Ensuite avec ‘Selfish Suicide’ on plonge plus encore dans la folie avec un côté schizophrène impressionnant.

La suite de l’album confirme cette idée de folie, mais petit à petit dans le cœur de l’album Ekpyrosis aère son propos comme pour mieux amadouer son auditeur et le piéger. ‘The Taste Of Shadow’ et ‘Stuck In Mind’ forment un duo brûlant, la douceur atmosphérique y côtoie la brutalité la plus abrupte pour un résultat hypnotique et mélancolique prenant. C’est à ce moment que ‘Ekytechts’ surgit : court et mélodique, ce titre fait penser à du Devin Townsend et nous entraîne plus avant encore dans une folie que ne renierait pas les grands anciens de Lovecraft. La descente finale vers les abîmes s’effectue avec le tandem ‘Smile Of Betrayal' / ‘Cult Of Appareance’. Sur ces titres, le groupe multiplie les changements de rythme et les breaks et nous fait penser à un savoureux mélange de Neurosis et Cult Of Luna. Après cette plongée, la remontée s’effectue doucement grâce à un ‘Lost In Translation’ plus accessible mais dont la folie reste palpable. En fait ce titre nous perd dans des tourments d’émotion comme dans le film que son titre évoque.