Au fil des rencontres, Audio'M, jeune groupe sudiste, s'est étoffé au point de composer un véritable big band. En effet pas moins de neuf personnes se partagent la scène lors des festivals, et tout autant pour l'enregistrement de leur premier album sobrement éponyme. Le groupe se passionne pour le rock progressif des années 70. Nous en livrera-t-il un succédané ou a-t-il trouvé une formule qui honore à la fois les anciens et révolutionne le manque d'inspiration des jeunes?
Dans ce groupe se trouve à la batterie le vétéran Marco Fabbri (The Watch, Odessa), qui n'écrase cependant pas ses collègues plutôt débutants (le duo originel était réduit à viole et piano, et les compositions de cet album existaient déjà avant la vie à 9). Audio'M ne cache pas son intérêt pour le rock progressif des années 70, en particulier Genesis, mais aussi le néo progressif de Marillion. Flûte, mellotron, soli de guitare et de claviers n'échapperont pas au programme, auquel s'ajoute l'originalité de la viole de gambe, mais le groupe s'appuie parfois un peu trop sur ces influences pour réellement s'affirmer ('Stolen Love Bite' ressemble un peu trop à 'Grendel', déjà lui-même copier-coller raté de 'Supper's Ready'). Les longueurs de certains morceaux apparaissent par ailleurs exagérées, l'album culminant à plus d'une heure de musique, et le manque de variété et les répétitions pèsent lourdement dans les oreilles de l'auditeur (en particulier lorsque les claviers semblent se laisser conduire par la fée Hasard).
Mais pour autant, malgré certaines maladresses, Audio'M nous prouve qu'il a déjà de l'ambition. Certains morceaux créent des atmosphères mystérieuses (par l'entremise du clavecin sur 'The Human Race', 'Run Away', 'Friend Less-R') ou plus paisibles ('Stolen Love Bite'), avec parfois des accents médiévaux (à nouveau 'Stolen Love Bite'). Il n'est pas permis de parler de cet album sans évoquer l'atout charme : la voix. Rappelant Jon Anderson ou Gnidrolog, la voix androgyne est bien celle d'une femme. Capable de susciter des sentiments profonds comme la tristesse ou de la révolte, elle manque pourtant encore de puissance, et s'avère assez inégale (la première partie de 'Mourning Dove' ou sur les vocalises de 'Dead Quiet').
Selon la théorie du chercheur es-rock progressif Steven Wilson, la durée recommandable pour un album de musique est située entre quarante et quarante-cinq minutes. Les travaux d'Audio'M ou de Magenta sont suffisamment intéressants pour aiguiser notre intérêt, mais sont malheureusement pénalisés par des longueurs inutiles. Si le second groupe s'est créé une identité forte, le premier en est encore dépourvu , mais il ne fait nul doute que cette formation promette des lendemains qui enchantent.